Dysfonctionnement du process pharmaceutique

Médicaments détruits : Le CHU de Rennes admet son erreur

Le CHU de Rennes a reconnu que des défaillances ont conduit à tort à des destructions de médicaments. L'erreur se compte en centaine de milliers d'euros.

  • Par Julien Prioux
  • Keith Srakocic/AP/SIPA
  • 12 Jun 2014
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    « Mieux vaut tard que jamais », dit le proverbe. Dans un communiqué, le CHU de Rennes a en effet reconnu qu'il existait des dysfonctionnements de son process pharmaceutique, et que ses locaux « à l'évidence » ont été sous-dimensionnés. Avec à la clé, des caisses pleines de médicaments encore valables entièrement détruites. Un scandale qu'a dénoncé il y a quelques jours le syndicat SUD-Santé Sociaux à cause des centaines de milliers d'euros gaspillés.
    Face à cette accusation, le CHU Pontchaillou indique à présent « mettre en place des actions correctives au fur et à mesure des dysfonctionnements constatés tout en maintenant la pression sur les fournisseurs. » 
    Pourquoidocteur revient sur cette affaire qui a choqué l'opinion.

    Des caisses pleines de médicaments incinérées
    Le 7 juin, c'est dans les colonnes du quotidien Le Parisien que des syndicalistes ont dressé un constat sévère concernant le fonctionnement de cet établissement breton. Selon eux, ce sont plusieurs tonnes de marchandise qui auraient été incinérées au cours des quatres dernières années. 
    Au moins deux fois par mois, plusieurs caisses seraient ainsi placées pour destruction dans les conteneurs destinés aux produits périmés. « On part le soir et, quand on revient le lendemain, il n'y a plus rien. Certains flaconnages représentent un mois de salaire d'un contractuel. Imaginez quand il y en a 10 qui disparaissent ! C'est très dur à vivre d'un point de vue éthique et psychologique », expliquait un employé de la pharmacie hospitalière, qui avait désiré conserver l'anonymat.

    Des doublons dans les commandes, des logiciels en panne...
    Pour comprendre, ce sont les dysfonctionnements du système adopté par la pharmacie en 2010 qui expliquent ce gaspillage. Avec des problèmes qui commenceraient dès la livraison des médicaments et des dispositifs médicaux le matin. Selon les syndicats, les prestataires utilisent des palettes qui ne sont pas reconnues par le robot Magmatic qui les range ensuite au sous-sol. Les agents de la pharmacie sont donc obligés de reconditionner les marchandises sur des palettes adéquates, aux normes européennes, ce qui retarde le tri et l'envoi des produits dans les services. Les difficultés continuent ensuite au moment de rentrer les commandes. Le système informatique fonctionne avec pas moins de trois logiciels différents qui tombent régulièrement en panne.
    Au final, comme les services de soins ne voient pas leurs médicaments arriver, ils passent une seconde commande d'urgence et finissent par recevoir le double de leurs besoins. Sauf que les produits retournés à la pharmacie ne sont pas remis dans le système. Car cela demande un long travail : dix minutes par produit, même pour la moindre plaquette, avec un coût en sorties papier et étiquettes parfois supérieur au médicament retourné », justifient les syndicats. Conclusion, des doublons dans les commandes, un surplus de médicaments dont l'établissement doit se débarrasser, et au final donc un énorme gaspillage. 

    Un scandale malvenu dans un contexte d'économie 
    Une histoire choquante dans un contexte particulier. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a en effet récemment dévoilé, dans une interview au quotidien Les Echos, les grandes lignes de son plan de 10 milliards d’euros d’économies pour l’Assurance maladie. Parmi les axes de sa feuille de route, une lutte sans merci contre la consommation de médicaments inadaptés. Résultat attendu : 2,5 milliards d’euros d’économie d’ici 2017. Ici, il ne s'agit pas de médicaments inadaptés, puisqu'ils sont jetés avant même d'être consommés !

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