Etude INCa-Inserm

Cancer : la sexualité des patients bouleversée

Une étude révèle que 2 ans après le diagnostic de cancer, les couples touchés sont relativement stables, mais une grande majorité rapporte des difficultés sexuelles.  

  • Par Melanie Gomez
  • SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA
  • 12 Jun 2014
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    Que deviennent les patients atteints par un cancer quelque soit sa localisation deux ans après leur diagnostic ? C’est la question à laquelle l'Institut national du cancer (INCa) et l'Inserm ont répondu de façon précise. En effet, ces deux institutions ont interrogé en 2012 plus de 4300 malades sur leur vie quotidienne, professionnelle ou même intime pendant et surtout après la maladie.
    Si les résultats de cette large étude baptisée VICAN 2 mettent en évidence le fait que le cancer aggrave les inégalités, ils livrent également un constat inquiétant concernant les bouleversement de la vie intime des malades, toujours présents 2 ans après le diagnostic. Alors que 3 millions de Français vivent aujourd’hui cet après-cancer, ce constat devrait permettre aux professionnels de santé du secteur de mieux cerner et surtout anticiper les problèmes potentiels dont sont le plus souvent victimes les malades du cancer dans la sphère privée.

    Les couples tiennent le coup mais pas la sexualité

    Tout d’abord, l’enquête VICAN 2 révèle que si la vie de couple montre une « relative stabilité », chez certains malades, on observe même un « renforcement » des liens. Les auteurs soulignent qu’au moment de l'enquête 76,4 % des participants déclarent être en couple avec la même personne qu'au moment du diagnostic.
    En revanche, le constat est loin d’être aussi positif du côté de la sexualité des personnes interrogées. Une grande majorité d’entre elles déclarent des difficultés sexuelles deux années après le début de leur cancer. « Pour ceux dont le cancer était diagnostiqué dans la cavité pelvienne (prostate, vessie, côlon-rectum, col et corps de l’utérus), cela concernait 89 % des hommes et 75 % des femmes, précise le rapport complet de l’enquête.
    Pour les autres localisations, alors même que le traitement de leur maladie n’induisait pas d’atteinte fonctionnelle de la sphère génitale, ce sont malgré tout 65 % des hommes et des femmes qui déclaraient que la maladie avait eu des conséquences négatives sur leur sexualité. Pour les auteurs, les répercussions du cancer et de son traitement en termes de capacité physique et de fatigue pourraient être à l’origine d’une perte d’intérêt pour la sexualité, ainsi que l’altération de l’image corporelle et de l’estime de soi engendrée par la maladie cancéreuse.

    53 % des patients déclarent une perte de libido

    Les participants ont donc été interrogés plus dans le détail, tout d’abord sur une éventuelle modification de leur désir sexuel depuis la maladie quelle que soit leur situation affective. Résultat, si 15 % n’ont tout simplement pas souhaité répondre à cette question, plus de la moitié d’entre eux (53,2 %), déclarent avoir observé une diminution de leur désir sexuel, voire une disparition (22,4 %).
    VICAN 2 montre également qu’une plus grande proportion d’hommes que de femmes déclare une diminution de libido par rapport au moment de leur diagnostic. Ces taux atteignent jusqu’à 72 % dans le cas d’un cancer de la prostate, et 61% dans le cas d’un cancer du poumon. Chez les femmes, les localisations de cancer les plus concernées par cette baisse du désir sexuel sont le col de l’utérus (60,3 %) et le sein (50,2 %).
    Par ailleurs l’enquête met également en lumière un impact important du cancer sur la fréquence des rapports sexuels. IUn homme sur deux  déclare avoir  une baisse du nombre de rapports sexuels depuis la maladie (42% des femmes). E

    La sexualité encore trop peu abordée par les soignants

    Malgré ce constat inquiétant,  il semble que le sujet soit encore assez tabou dans les services de cancérologie. En effet, chez les hommes par exemple, seuls 18 % de ceux interrogés dans l’étude affirment avoir parlé de sexualité avec l’équipe soignante à l’initiative du personnel, 17% de leur propre initiative, et 17 % ne l’ont pas souhaité.
    Pour plus de 40 % d’entre eux, cela ne leur a même pas été proposé. Chez les femmes le constat est encore plus préoccupant. Seules 4 % ont parlé de leur sexualité à l’initiative du personnel, 7 % en ont parlé de leur propre initiative, 24,5 % n’ont pas souhaité en parler. 61 % rapportent que cela ne leur a pas été proposé.

    Enfin, même si le personnel médical reconnaît la nécessité d’aborder les questions de sexualité, l’étude VICAN 2 confirme une nouvelle fois que cela n’est en général pas le cas. Manque de connaissances ou de capacités de communication, les experts de l’INCa admettent la nécesssité d’organiser ou de renforcer rapidement la formation du personnel soignant afin qu’il soit à même d’informer et d’aider les malades à améliorer le vécu du cancer, également sur le plan sexuel.

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