Mandatés par la Commission européenne
Implants PIP : inutile de retirer des prothèses intactes selon des experts
Un comité scientifique européen affirme qu'on ne peut associer les implants PIP à une toxicité particulière. D'après lui, sauf rupture, un retrait préventif n'est pas nécessaire.
Le retrait préventif des prothèses mammaires frauduleuses PIP ne serait pas nécessaire, sauf en cas de rupture. Telle est la conclusion du Comité scientifique sur les nouveaux risques de santé (SCENIHR) mandaté par la Commission européenne pour s'assurer que les ruptures de ces prothèses ne représentent « aucun risque accru de santé. »
Une prise de position contraire aux autorités françaises
En détails, le SCENIHR indique que « les implants PIP ont un taux de rupture beaucoup plus élevé que les implants d’autres fabricants, mais à cette date, aucun risque accru de santé n’a été associé à l’exposition au gel de silicone émanant d’un implant PIP en comparaison d’autres implants. » Et le Comité de rajouter que « même en cas d'inflammation à la suite de la rupture d'un implant PIP, aucune association n'a pu être établie avec des cancers du sein ou des lymphomes anaplasiques à grandes cellules », précise le texte.
En conséquence, le SCENIHR conclut qu'il n'y a pas de données convaincantes « pour justifier un retrait de routine d'implants PIP intacts. » Une prise de position contraire à celle de la France. Chez nous, depuis décembre 2011, le gouvernement français a recommandé aux 30 000 femmes porteuses d’implants mammaires PIP de se les faire retirer, non seulement à cause de leur fragilité et donc du risque de rupture plus important que la normale, mais aussi en raison du pouvoir irritant du gel de silicone « maison » utilisé par la société varoise pendant plusieurs années.
Mais d'autres pays ont fait un choix contraire au nôtre. Les autorités britanniques, par exemple, n’ont jamais recommandé le retrait général des implants aux 47 000 femmes porteuses de PIP dans le pays.
Un nouveau procès PIP en 2015
Quoi qu'il en soit, selon le dernier bilan de l'Agence française du médicament (ANSM), 17 411 femmes avaient fait retirer fin décembre 2013 leurs implants mammaires PIP, la plupart à titre préventif. L'Agence a jusque là signalé 74 cancers du sein survenus chez des femmes porteuses d'implants PIP, mais relevé qu'ils ne sont pas « reliés aux particularités des prothèses PIP. »
Coté judiciaire, Jean-Claude Mas le fondateur de la société PIP, qui a vendu durant des années ces implants mammaires frauduleux a été condamné en décembre dernier par le tribunal correctionnel de Marseille (Bouches-du-Rhône) à quatre ans de prison pour « tromperie et escroquerie. » Mais l'affaire n'est pas terminée. L'instruction se poursuit au pôle santé de Marseille, sur le volet « blessure et homicide involontaire », à la suite des problèmes de santé et au décès d'une patiente. Il donnera lieu à un autre procès, mais pas avant 2015.