La génétique en cause
Cholestérol : pourquoi l'ours polaire est protégé
L'ours polaire peut manger beaucoup de graisses sans avoir de problèmes cardiovasculaires, en raison de mutations génétiques particulières. C'est le constat d'une étude publiée dans la revue Cell.
Contrairement à l'Homme, l'obésité ne serait pas être un problème pour l'ours polaire, selon une étude publiée ce jeudi dans la revue américaine Cell.
Les chercheurs ont utilisé des échantillons de sang et de tissu provenant de 79 ours polaires et de dix ours bruns. Ils ont comparé les génomes des deux espèces et ont découvert que les ours polaires avaient des mutations génétiques qui expliqueraient pourquoi ils peuvent consommer de grandes quantités de graisses sans contracter de maladies cardiovasculaires, contrairement aux êtres humains.
Cet animal, qui est l'un des plus gros mammifères terrestres, cache donc des gènes surprenants, qui semblent limiter son niveau de cholestérol. Un niveau de cholestérol qui, au vu des portions notamment de lipides ingérées par l'animal, pourrait être très élevé.
« Pour les ours polaires, être obèses ne pose aucun problème », ironise Eline Lorenzen, un des auteurs de ces travaux et chercheuse à l'université de Californie à Berkeley, « et nous voulions savoir comment cela était possible ».
Une mutation génétique qui l'adapte à l'Arctique
Ainsi chez l'ours polaire, certaines des mutations génétiques identifiées par ces chercheurs concernaient le gène APOB. Un gène dont la fonction chez les mammifères est justement de coder la principale protéine du mauvais cholestérol. Par ailleurs, ces mutations spécifiques à l'ours polaire lui permettraient également de transformer la graisse en eau au sein de son organisme. Un atout majeur dans un territoire comme l'arctique où l'accès à l'eau douce est compliqué, et ne permet pas à l'animal de satisfaire, même à minima, ses besoins hydriques naturels.
Plusieurs kilos de graisse en quelques minutes
Vivant la grande partie de son temps sur la banquise, l'ours polaire résiste grâce à une nourriture très riche en graisses, issue de mammifères marins.
C'est un carnivore, qui se nourrit essentiellement de phoques, et ce qui l’intéresse en premier lieu, c’est la graisse blanche qui enveloppe le corps de l’animal sous la peau. L'ours polaire déchire la peau et mange le maximum de graisse, sans toucher à la chair. Il dévore cette graisse très rapidement après avoir tué le phoque, compensant ainsi la dépense d’énergie liée à la chasse. Un ours peut ainsi manger plusieurs kilos de graisse en quelques dizaines de minutes. Il assimile la graisse qu'il absorbe à près de 98%. Un être humain qui aurait un régime alimentaire similaire risquerait de développer des maladies cardiovasculaires. « Si nous pouvons en apprendre davantage sur ces mutations génétiques permettant de métaboliser les graisses, cela pourrait nous donner les outils pour adapter la physiologie humaine à un régime très riche en graisse », juge Rasmus Nielsen, un des co-auteurs de l'étude.