Cancer du sein
Mammographie : un résultat faux-positif ne détourne pas du dépistage
La découverte d’une anomalie à la mammographie démentie par les examens suivants angoisse les femmes mais ne les dissuade pas de continuer la surveillance.
Selon les chiffres de l’Institut national du cancer, 8 % des femmes qui participent au dépistage organisé du cancer du sein reçoivent un résultat faux-positif. La lecture immédiate de la mammographie révèle une anomalie, qui est démentie soit par la 2e lecture, soit par des examens complémentaires comme une nouvelle mammographie ou une biopsie. Une équipe de chercheurs américains a mené une étude auprès de plus de 1000 femmes pour comprendre ce que ressentent les femmes confrontées à ces résultats dits « faux-positifs » et si leur future participation aux programmes de dépistage du cancer du sein pouvait en être affectée.
Une angoisse importante voire extrême
Selon les résultats qu’ils publient dans la revue JAMA Internal Medicine, 50,6% de ces femmes rapportent avoir vécu une angoisse importante et 4,6% d’entre elles une angoisse extrême à l’annonce de la découverte d’une anomalie à la mammographie. Et parmi les réponses aux tests utilisés pour évaluer le niveau d’anxiété, ce sont logiquement celles relatives à la peur du cancer ou des examens médicaux qui donnaient les différences les plus significatives avec les femmes ayant eu des résultats de mammographie parfaitement normaux.
Pas de rejet du dépistage pour autant
Mais cet « accident de parcours » ne les détourne pas du dépistage du cancer du sein. Au contraire, interrogées un an après, ces femmes ayant subi un résultat faux-positif sont 26 % à se dire plus enclines qu’avant au dépistage contre 14 % parmi les femmes ayant eu une mammographie normale. Elles ne considèrent pas que le fait d’avoir déjà vécu ce type de résultats changera l’angoisse ressentie au moment de l’annonce si jamais la situation devait se reproduire.
« Des conséquences non négligeables »
En revanche, elles sont prêtes à se donner les moyens de ne pas revivre cette situation. « 81,6 % de ces femmes sont prêtes à choisir une technique mammographique moins confortable pour elles (NDLR plus comprimante pour les seins) mais provoquant moins de résultats faux-positifs et à faire plus de 4h de déplacement pour en bénéficier », souligne le Dr Kurt Kroenke, l’interniste américain qui signe le commentaire de cette étude.
Selon ce spécialiste, si les effets secondaires d’un résultat faux-positif ne se révèlent ni graves ni durables pour les femmes concernées, ce type de conséquences psychologiques, physiques et économiques ne peut être considéré comme négligeables. Informer les patientes sur ce risque de résultat faux-positif avant qu’elles prennent la décision de se faire dépister est particulièrement crucial dans le contexte actuel où les risques de sur-diagnostics sont de plus en plus mis en avant au détriment des bénéfices du dépistage.