Pneumologie
Cancer du poumon : structurer le dépistage pour éviter les actions inutiles
L’évolution de la position des sociétés savantes sur le dépistage du cancer du poumon par scanner thoracique s’appuie sur l’étude Nelson pour mettre en place des protocoles le structurant. D’après un entretien avec Marie WISLEZ.
La déclaration de l’European Respiratory Society, publiée en février 2020, dans l’European Respiratory Journal, a fait le point sur le dépistage du cancer bronchique. Deux études récentes montrent un bénéfice sur la mortalité par cancer du poumon, grâce au dépistage par tomodensitométrie thoracique des sujets à risque. La dernière est l’étude NELSON, dont les résultats ont été publiés en février 2020, dans le New England Journal of Medicine. Cette étude est celle qui retrouve le moins de faux positifs au dépistage par scanner thoracique.
Une nécessité de protocoles et de critères pour un dépistage efficace
Le professeur Marie WISLEZ, pneumologue dans l’unité d’oncologie thoracique de l’hôpital Cochin, explique qu’il n’est pas possible de mettre en place un dépistage du cancer du poumon pour tous les patients à risque. Elle souligne que l’étude NELSON a mesuré le volume des nodules détectés au scanner thoracique, ce qui a permis de réduire le coût des faux positifs et leur cortège d’examens complémentaires invasifs. Cette étude a mis en place des protocoles s’appuyant sur des critères préalablement définis. Marie WISLEZ précise qu’il est nécessaire de screener les critères des patients pour ne pas proposer de dépistage inutile et retrouver le bénéfice de l’étude NELSON.
Des initiatives européennes à mettre en place
Marie WISLEZ préconise la réalisation d’études pilotes nationales multicentriques, qui confirmeraient, qu’avec cette technique et ces critères, on retrouverait bien les mêmes taux de vrais négatifs que dans l’étude NELSON. Ensuite, la formation des radiologues à l’algorithme recommandé par NELSON et le dépistage par des machines ayant les bons logiciels seront mis en place. Marie WISLEZ rappelle qu’il existe des études pilotes dans certains pays européens, mais aucune initiative internationale européenne. En France, les initiatives sont actuellement interrompues en raison de l’épidémie du COVID-19.
En conclusion, il est nécessaire de mettre en place des initiatives européennes pour valider que l’on peut reproduire le modèle NELSON en routine et aboutir à un dépistage organisé du cancer du poumon utile et efficace.