Cardiologie

Sciatalgie atypique : ne pas passer à côté de la claudication artérielle

Chez le fumeur ou en cas d’antécédents d’hypercholestérolémie ou de maladie cardiovasculaire, une artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) peut simuler une douleur de sciatique, bien que celle-ci soit généralement claudicante.

  • ALIOUI Mohammed Elamine/istock
  • 25 Jun 2024
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    La claudication artérielle, également connue sous le nom de claudication intermittente, peut parfois simuler une sciatique en raison de symptômes souvent similaires. La claudication intermittente est principalement due à une insuffisance artérielle, souvent causée par une artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI).

    Elle se manifeste par des douleurs musculaires dans les membres inférieurs pendant l'effort, qui disparaissent au repos, un tableau clinique qui peut être confondu avec une sciatique, une affection qui entraîne des douleurs le long du nerf sciatique.

    Claudication Intermittente et symptômes de sciatique

    La claudication intermittente se manifeste par des douleurs, des crampes ou une sensation de fatigue dans les muscles des jambes, généralement les mollets, pendant la marche ou l'effort physique. Ces douleurs sont dues à une réduction de l'apport sanguin, provoquée par des artères partiellement ou totalement obstruées par des plaques d'athérome.

    Les patients décrivent souvent une sensation de brûlure ou de tiraillement, qui les oblige à s'arrêter pour soulager la douleur, semblable à la douleur radiculaire ressentie lors d'une sciatique. Les localisations de la lésion artérielle peuvent effectivement simuler différentes douleurs en fonction de la région de l'artère touchée.

    Douleur de la fesse : lésion de l'artère iliaque

    Une lésion de l'artère iliaque commune ou de l'artère iliaque externe peut provoquer une douleur qui simule une douleur de la fesse. En cas de sténose ou d'occlusion de ces artères, l'apport sanguin aux muscles fessiers est compromis, ce qui entraîne une douleur ischémique dans cette région, surtout lors de la marche ou de l'exercice physique.

    Cette douleur est souvent décrite comme une crampe ou une sensation de lourdeur et oblige le patient à s'arrêter, imitant ainsi une douleur radiculaire qui pourrait être confondue avec une sciatique.

    Douleur simulant une sciatique : lésion de l'artère fémorale ou poplitée

    Une lésion de l'artère fémorale superficielle ou de l'artère poplitée peut provoquer une douleur qui simule une douleur sciatique. Lorsque ces artères sont affectées, la réduction du flux sanguin vers les muscles de la cuisse, du mollet et parfois même du pied peut entraîner des douleurs similaires à celles de la sciatique.

    Cette douleur, souvent ressentie le long de l'arrière de la jambe, peut être confondue avec une douleur radiculaire due à une compression du nerf sciatique. Les patients peuvent ressentir des crampes, des douleurs lancinantes ou une fatigue musculaire lors de la marche, qui s'améliorent avec le repos.

    Douleur du membre inférieur : sciatique ou artériopathie ?

    L'athérosclérose et ses principaux facteurs de risque (tabac, diabète, HTA, dyslipidémie) est la principale cause des artériopathies pouvant simuler une sciatique, en général avec une douleur dans les mollets. En cas d’antécédents familiaux, il convient d’évoquer la responsabilité d’une hypercholestérolémie familiale ou d’une dysplasie artérielle.

    La dysplasie artérielle, ou plus précisément la dysplasie fibromusculaire (DFM), est une maladie non athéroscléreuse et non inflammatoire des artères. Elle est caractérisée par une croissance anormale des cellules dans la paroi des artères de taille moyenne, ce qui entraîne un rétrécissement, une tortuosité ou des dilatations segmentaires des artères. Bien que la dysplasie fibromusculaire affecte le plus souvent les artères rénales et les artères carotides, elle peut également toucher les artères des membres inférieurs. La dysplasie artérielle peut provoquer des douleurs dans les membres inférieurs similaires à celles causées par une claudication intermittente. Ces douleurs apparaissent généralement lors de l'effort et se résorbent au repos. En fonction de l'artère affectée, les douleurs peuvent se localiser dans les fesses, les cuisses ou les mollets.

    Il est crucial de différencier la claudication intermittente de la sciatique pour assurer un traitement approprié. La sciatique, souvent due à une hernie discale ou une sténose spinale, provoque une douleur qui suit le trajet du nerf sciatique, irradiant de la fesse à la jambe, et est souvent accompagnée de signes rachidiens et de symptômes neurologiques comme des engourdissements ou des faiblesses musculaires. En revanche, la douleur de la claudication est strictement musculaire et localisée aux muscles touchés par l'ischémie, sans symptômes neurologiques. Si la dysplasie affecte les artères iliaques, la douleur peut être ressentie dans les fesses, simulant une douleur radiculaire. Si les artères fémorales ou poplitées sont touchées, la douleur peut descendre le long de la jambe, ressemblant à une douleur sciatique.

    Approche clinique et traitement

    Pour différencier ces maladies artérielles, une anamnèse détaillée et un examen physique sont essentiels. La mesure de l'indice de pression systolique cheville-bras (IPS) est un index validé qui peut aider à confirmer une claudication intermittente. Un IPS inférieur à 0,9 témoigne d’une artériopathie périphérique. L'utilisation de l'imagerie médicale, telle que l'échographie Doppler, l'angiographie par résonance magnétique (ARM) ou l'angiographie par tomodensitométrie (angio-TDM), peut aider à visualiser les lésions artérielles.

    Les patients qui souffrent une claudication intermittente doivent être traités en premier avec des modifications du mode de vie, des traitements médicamenteux pour améliorer la circulation sanguine et, dans certains cas, des interventions chirurgicales. La sciatique, en revanche, peut nécessiter une gestion de la douleur, une rééducation et, parfois, une intervention chirurgicale pour soulager la compression nerveuse.

    Pour différencier une douleur de claudication d'une sciatique, une évaluation clinique détaillée est nécessaire. En conclusion, la localisation de la lésion artérielle est cruciale pour déterminer la nature de la douleur. Les lésions de l'artère iliaque peuvent provoquer des douleurs dans la fesse, tandis que les lésions des artères fémorale ou poplitée peuvent simuler des douleurs sciatiques. Un diagnostic précis basé sur une évaluation clinique et des investigations appropriées est essentiel pour différencier ces conditions et orienter le patient vers un traitement adéquat.

     

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