Rhumatologie

Polyarthrite rhumatoïde : nouveaux éclairages sur sa pathogenèse

Lors du congrès EULAR 2024, des chercheurs ont dévoilé une nouvelle taxonomie sur les précurseurs sanguins des macrophages synoviaux pathogène, jetant ainsi une nouvelle lumière sur la diversité pathogénie de la polyarthrite rhumatoïde. Ces avancées promettent d'ouvrir la voie à des traitements plus ciblés dans cette maladie auto-immune dévastatrice.

  • Artur Plawgo/istock
  • 14 Jun 2024
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    La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie auto-immune chronique pour laquelle il n'existe pas de traitement définitif et les traitements disponibles varient en efficacité d'une personne à l'autre, suggérant une diversité pathogénique encore mal connue. Les monocytes et macrophages jouent un rôle central dans le système immunitaire et sont au cœur de la pathogenèse de la PR en étant impliqués dans les stades précoces de la réponse immunitaire.

    Lors du congrès 2024 de l'EULAR (European Alliance of Associations for Rheumatology), des travaux novateurs ont été présentés, apportant de nouvelles connaissances sur les précurseurs sanguins des macrophages tissulaires pathogènes.

    Le Dr Sébastien Viatte et son équipe ont entrepris de cartographier les sous-ensembles et états des monocytes à travers différentes études et compartiments, tels que le sang et le tissu synovial, afin d’identifier les précurseurs sanguins des macrophages synoviaux inflammatoires observés chez les patients atteints de PR.

    Ils ont utilisé des techniques avancées de séquençage ARN à cellule unique pour caractériser profondément les sous-ensembles de cellules myéloïdes dans des tissus sains et enflammés, menant à l'identification de nouveaux états cellulaires pathogènes. De plus, le chevauchement des sous-ensembles entre les études et les compartiments qui n'avait pas encore été systématiquement étudié, a pu être précisé.

    Une taxonomie révolutionnaire des macrophages pathogènes

    Pour cette recherche, les cellules mononucléées du sang périphérique (PBMC) de volontaires sains et de patients atteints de PR avec une maladie cliniquement bien contrôlée ont été enrichies en monocytes par sélection négative et soumises à un séquençage ARN à cellule unique. Les chercheurs ont ensuite utilisé des sous-ensembles de cellules myéloïdes publiés pour créer une carte basée sur la similarité de leurs scores d'expression.

    Des méthodes hiérarchiques ont été appliquées pour fusionner des clusters similaires et créer une carte consensuelle, tandis que des forêts aléatoires ont été utilisées pour fusionner des données sur-clusterisées et identifier de nouveaux états cellulaires myéloïdes, générant une taxonomie finale des états des monocytes dans le sang humain sain.

    Une validation chez les malades

    Pour valider expérimentalement ces résultats au niveau protéique, les cellules mononucléées du sang périphérique de 19 patients atteints de PR avec une inflammation non contrôlée ont été profondément immunophénotypées. Des états cellulaires inflammatoires avec une abondance accrue dans la PR ont été identifiés. Au total, ce travail a généré un atlas de référence exhaustif comprenant 11 états de monocytes à travers les compartiments anatomiques pertinents pour la PR.

    Il a par exemple été possible de montrer que différents clusters (cluster CD11b+ CD64+ FOLR2+ ID2+, cluster IL1B+ et cluster M8) représentent en fait le même sous-ensemble de macrophages synoviaux inflammatoires et sont transcriptionnellement similaires à un sous-ensemble de monocytes IL1B+ présents dans le sang périphérique quiescent.

    Ces découvertes sont cruciales car elles définissent une nouvelle taxonomie des cellules monocytes pertinente pour la PR, avec 11 états cellulaires continus qui transitionnent dynamiquement les uns dans les autres à travers les compartiments anatomiques. De plus, elles identifient des précurseurs sanguins potentiels des macrophages tissulaires pathogènes. Ces avancées ouvrent de nouvelles perspectives pour une meilleure compréhension de la diversité pathogène de la PR et pourraient mener à des approches thérapeutiques plus ciblées et plus efficaces.

     

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