Gériatrie
Gériatrie hospitalière : plus d'un tiers des unités ont des lits fermés
La SFGG a réalisé en janvier 2023 une enquête nationale sur l'étendue de la fermeture des lits des unités gériatriques. Les résultats sont « tristement éclairants » commente-t-elle.
- Yaraslau Saulevich/istock
« Tristement éclairants » : voilà comment qualifie la SFGG (Société Française de Gériatrie et de Gérontologie) les résultats de son enquête nationale sur l'état des lieux des fermetures de lits gériatriques.
Réalisée en janvier 2023, elle a recueilli le témoignage de plusieurs centaines de praticiens en gériatrie.
« Nous ne sommes plus au bord du gouffre, nous sommes dans le gouffre »
D'après l'enquête, plus d'un tiers (34,7%) des 792 services de gériatrie ayant répondu à l'enquête sont touchés par des fermetures de lits. Et les fermetures sont majeures, puisqu'en moyenne, elles concernent 25% des lits des unités concernées. “Et chaque niveau de la filière gériatrique hospitalière est concerné par des fermetures de lits et des diminutions d'activité » précise à la SFGG le Pr Cédric Annweiler, gériatre au CHU d'Angers et coordinateur de l'enquête.
Pour le Pr Nathalie Salles présidente de la SFGG, la situation est catastrophique : « nous ne sommes plus au bord du gouffre, nous sommes dans le gouffre » analyse-t-elle dans le communiqué dédié de la SFGG.
Un des remèdes : améliorer l'attractivité des métiers du grand âge
« La raison avancée le plus souvent par les personnes interrogées est le manque d'effectifs infirmiers puis médicaux et aides-soignants, de jour comme de nuit » explique le Pr Cédric Annweiler. Un manque de ressources humaines hospitalières que connaissent de nombreux services, mais d'autant plus prégnant en gériatrie du fait de la lourdeur de la charge en soins dans un secteur où les patients sont très souvent dépendants, polypathologiques et fragiles.
Pour la SFGG, il est temps « de respecter les ratios soignants / soignés efficients tels que proposé dans la circulaire du 28 mars 2007 relative à la filière gériatrique ». Celle-ci prévoit par exemple pour un court séjour gériatrique (qui doit disposer au minimum de 20 lits), d'au moins deux ETP de gériatres, douze d'infirmiers et autant d'aide soignants.
La SFGG insiste aussi sur la nécessité d'améliorer l'attractivité des métiers du grand âge à l'hôpital : « pour favoriser la réouverture des lits, nous n'avons pas le choix » martèle-t-elle. Pour cela, la SFGG propose une meilleure valorisation financière des contraintes comme la prime grand âge pour les infirmiers, le déploiement de nouveaux diplômes dont les IPA grand âge ou encore la reconnaissance de la complexité et la dureté du travail en milieu gériatrique qui souffre encore d'un sérieux manque de considération.
Dans l'attente de « mesures courageuses »
« Nous, professionnels de la gériatrie et la gérontologie, prenant en soin les personnes âgées en France, demandons de toute urgence au Ministère de la Santé et au Président de la République d’engager des mesures courageuses pour la filière gériatrique. Il ne s’agit pas « d’un caprice des professionnels, mais des mesures nécessaires pour préserver un soin décent pour nos aînés » exhorte le Pr Nathalie Salles en conclusion du communiqué de presse.
Nous ne pouvons qu'espérer, pour les seniors d'aujourd'hui et de demain que cette demande soit entendue.