Nutrition
Acides gras trans : l'OMS voulait les éradiquer, a-t-elle réussi ?
L'OMS s'était fixé pour 2023 l'objectif de l'élimination mondiale des acides gras trans industriels responsables chaque année de 500 000 décès prématurés. Nous voilà à la dead-line : l'objectif a-t-il été atteint ?
- JackF/istock
« Les acides gras trans n’ont aucun avantage connu et présentent des risques énormes pour la santé qui entraînent des coûts énormes pour les systèmes de santé », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). « En revanche, l’élimination des acides gras trans est une mesure rentable qui présente d’immenses avantages pour la santé ».
Cette déclaration fait suite à la publication du nouveau rapport de situation de l'OMS sur l'exposition des populations mondiales aux acides gras (AG) trans. L'Organisation Mondiale s'était fixée il y a 5 ans, l'objectif d'éliminer mondialement la production de ces substances nocives. Et la dead-line était pour 2023. Le pari du zéro mauvais gras a-t-il été tenu ?
Les AG trans : où et pourquoi ?
On trouve les acides gras trans dans de nombreux produits alimentaires transformés tels que des pizzas ou quiches, des viennoiseries, des huiles de cuisson ou encore des pâtes à tartiner.
Ils sont utilisés dans l'industrie agroalimentaire dans un seul intérêt « technico fonctionnel » comme le qualifie l'ANSES, l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, pour faciliter l'utilisation et la conservation de certaines huiles et graisses.
5 milliards de personnes restent exposées dans le monde
Concernant la réussite du pari mondial « zéro mauvais gras », l'OMS constate son échec « l'élimination complète de ces composés en 2023 n'est pas réalisable pour le moment » peut-on lire dans le communiqué de presse dédié. En effet, le rapport stipule qu'encore 5 milliards de personnes sont exposées aux AG trans dans le monde, ce qui conduit chaque année à 500 000 décès prématurés dus à une maladie coronarienne.
Un constat d'échec à nuancer toutefois : depuis 2018, année à laquelle l'OMS avait appelé pour la première fois à cesser la production industrielle des AG trans, 43 pays appliquent désormais de meilleures pratiques dans le domaine. Une nette amélioration qui selon l'OMS, a permis de protéger 2,8 milliards de personnes à travers le monde. Mais cette protection est regrettablement assez inégale selon le niveau de revenus des pays.
En effet, les mesures préconisées par l'OMS ont été très majoritairement appliquées dans les pays à revenu élevé. Et bien que l'OMS se félicite de voir de plus en plus de pays à revenus intermédiaires comme l'Ukraine ou l'Inde les mettre en place également, aucun pays à faible revenu ne les a encore adoptés. Les populations les plus pauvres, déjà vulnérables pour bien d'autres raisons, restent donc aussi les plus exposées à ces composés toxiques.
Deux principales mesures pour éradiquer les AG trans
« Chaque gouvernement peut mettre fin à ces décès évitables en adoptant dès maintenant une politique fondée sur les meilleures pratiques » assure le Dr Tom Frieden, Président-Directeur général de Resolve to Save Lives, l'organisation à laquelle s'est associée l'OMS pour mettre en œuvre le programme d'éradication des AG trans. Ces meilleures pratiques passent par deux mesures principales : imposer une limite nationale de 2 grammes d’acides gras trans produits industriellement par 100 grammes de matières grasses totales dans tous les aliments et interdire au niveau national la production ou l’utilisation des huiles partiellement hydrogénées (qui sont une source importante d’acides gras trans) comme ingrédients dans tous les aliments.
L’OMS encourage aussi les fabricants de produits alimentaires à éliminer de leurs produits les acides gras trans de production industrielle, conformément à l’engagement pris par l’International Food and Beverage Alliance.
Et en France ?
En France, en 2005 déjà l'ANSES avait fixé un seuil maximal d'apport en acides gras trans à 2% de l'apport énergétique total pour tous, enfants comme adultes. Ce seuil avait été fixé sur la base de plusieurs études épidémiologiques montrant qu'au-delà, il existait un risque accru de survenue d’événements cardio-vasculaires.
Et depuis le 2 avril 2021, suite à la mise en application d'un décret européen, la teneur des aliments en acide gras trans est limitée à 2 grammes pour 100 grammes de matières grasses totales.