Infectiologie

Guérison du SIDA : la découverte d’une nouvelle cible thérapeutique ?

A l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA, l'INSERM publie des résultats de recherche sur un des mécanismes qui empêchent la guérison de la maladie. Des découvertes qui offrent une nouvelle piste thérapeutique. 

  • Ozgu Arslan/istock
  • 02 Déc 2022
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    Alors que se tenait la Journée mondiale de lutte contre le SIDA, une nouvelle découverte de chercheurs de l'INSERM permet d'en connaître davantage sur les mécanismes qui empêchent une guérison de la maladie. C'est ce que nous explique un communiqué INSERM. On savait déjà qu'un des obstacles majeurs à cette guérison est l'existence de cellules réservoirs, des cellules dans lesquelles se cachent le virus à l'abri des traitements antirétroviraux. L'infection y reste latente tant que le patient reçoit un traitement antirétroviral mais s'il l'interrompt, l'infection se réveille et redevient active en moins d'une semaine.

    Les chercheurs ont longtemps cru que ces cellules réservoirs étaient constituées uniquement de lymphocytes T CD4. Mais en 2019, une équipe française avait montré que les macrophages pouvaient aussi avoir ce rôle. Une nouvelle étude de l'institut de recherche français a permis de découvrir plus précisément ces cellules, ce qui amène de nouvelles questions de recherche et ouvre la voie à de futurs traitements.

    Alerte à l'alarmine, une protéine clé au sein des macrophages réservoirs

    L'étude a porté sur le même type d'échantillons que celle de 2019, à savoir du tissu de muqueuse génitale obtenue chez des volontaires masculins infectés par le VIH. Les chercheurs ont cette fois ci mis en évidence un sous-type de macrophages « jamais identifiés dans les muqueuses génitales », les macrophages M4.

    « Ces cellules sont caractérisées par l'expression d'une protéine pro-inflammatoire, S100A8, aussi appelée alarmine » explique Morgane Bomsel, la responsable de l'équipe de recherche. Les chercheurs ont constaté que cette protéine jouait un rôle clé au sein des macrophages réservoirs : elle est nécessaire et suffisante à la réactivation de la production et de la multiplication du VIH en leur sein. Autre découverte : les nouveaux virus formés dans ces cellules sont assemblés et conservés dans des compartiments à l'intérieur des macrophages. Ils y restent jusqu'à leur expulsion. Une dynamique qui diffère de celle des lymphocytes T CD4 où les nouveaux virus produits sont à l'état libre dans la cellule.

    A la recherche d'informations cruciales pour freiner le phénomène

    Le système de compartiments étant inconnu jusqu'alors, cette découverte va amener de nouvelles recherches. « Nous allons nous intéresser à […] comprendre leur dynamique et identifier les facteurs qui déclenchent la libération du virus qu'ils contiennent. Il s'agit d'informations cruciales pour être en mesure de freiner ce phénomène » explique la chercheuse.

    Les chercheurs ayant aussi mis en évidence une sécrétion régulière de la protéine alarmine, ils ont émis une autre hypothèse à explorer : « [cela] reste à vérifier mais nous voyons les choses comme cela : alors que les lymphocytes T CD4 ne libèrent aucun virus dès lors que le patient est sous trithérapie, les macrophages pourraient être une source continue de nouveaux virus libérés dans l'organisme des patients ».

    Une thérapie ciblée contre ces réservoirs pour guérir le SIDA ?

    Enfin, il sera aussi intéressant de savoir si les macrophages qui se trouvent dans d'autres tissus ou organes peuvent aussi jouer le rôle de cellules réservoirs.

    D'ici là « nous ne pouvons plus ignorer l'influence de ces réservoirs et nous ne pourrons pas nous passer de thérapies qui les ciblent directement si l'on veut un jour réussir à guérir définitivement les patients » conclut la chercheuse

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