Psychiatrie
Annonce d'un diagnostic psychiatrique sévère : l'alliance thérapeutique centrale
La Haute Autorité de Santé publie un guide pour donner des repères aux professionnels de santé en vue de l'annonce d'un diagnostic psychiatrique sévère. La création d'une alliance thérapeutique, tout aussi nécessaire que difficile à mettre en place, en est l'enjeu principal.
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L'annonce d'un diagnostic psychiatrique est cruciale pour permettre au patient d'appréhender au mieux sa maladie et de devenir acteur de sa prise en charge. La Haute Autorité de Santé (HAS) publie un guide à destination des professionnels de santé pour les accompagner dans ce moment clé du parcours de soins. Le guide est accompagné d'une fiche de synthèse et d'une fiche information patient.
L'enjeu principal sur lequel insiste l'autorité sanitaire est la création d'une alliance thérapeutique entre le patient et le médecin, et si possible l'entourage, le tout pour améliorer état de santé et qualité de vie du patient.
Une annonce progressive, collaborative et coordonnée
La HAS insiste sur trois conditions de réussite de l'annonce diagnostique d'une pathologie psychiatrique sévère : la démarche doit être progressive, le dialogue constant, et l'approche pluriprofessionnelle. Plus qu'une simple annonce diagnostique à un instant « t », l'étape doit plutôt être abordée comme un « processus d'annonce ». Une démarche progressive donc, qui permet d'intégrer le délai nécessaire pour confirmer le diagnostic et favoriser son acceptation par le patient.
Ce processus d'annonce doit être construit avec le patient, dans un dialogue où « le savoir du médecin et le savoir issu de l'expérience du patient se croisent » précise l'autorité sanitaire. Cela passe par exemple, par le fait de reprendre des mots ou expression du patient afin de créer un langage commun et faciliter la compréhension par le patient du diagnostic et de ses symptômes.
Enfin, l'aspect pluriprofessionnel, essentiel pour la prise en charge en psychiatrie, l'est dès l'annonce, la HAS recommandant ainsi une étroite collaboration entre les professionnels concernés, en ville et à l'hôpital, dans le but toujours d'optimiser l'accompagnement et le suivi.
L'alliance thérapeutique comme objectif principal
L'enjeu principal sur lequel insiste le guide est l'alliance thérapeutique, clé de voûte d'une prise en charge réussie, et qui se crée dès le début du processus d'annonce. « C'est au psychiatre de créer les conditions d'une alliance thérapeutique dès l'annonce » précise la HAS. Le but est d'impliquer le patient dès cette étape. Cela passe concrètement par une écoute attentive de son vécu, de ses troubles ou encore de ce qu'il a entrepris pour y faire face.
Autre facteur à prendre en compte pour majorer les chances d'une alliance durable : l'environnement du patient et son entourage. Avec l'accord du patient, la HAS recommande d'appréhender la présence ou non d'un entourage et la capacité et le souhait des proches de s'impliquer dans la prise en charge.
Un guide « pas révolutionnaire »
Le psychiatre David Misdrahi, chercheur en neurosciences et coordonnateur d'un centre expert schizophrénie exprime un enthousiasme très modéré suite à la publication de ce guide. Selon lui, il « va dans le bon sens, [mais n'est] pas révolutionnaire ».
Pour être utile, il estime qu'il faudrait surtout réfléchir à la manière de bien diffuser et faire appliquer ces outils de bonne pratique au sein d'une spécialité peu attachée à suivre les recommandations.