Pédiatrie

Corticothérapie anténatale : vers une diminution de la dose ?

Pourrait-on diminuer la dose de la corticothérapie anténatale administrée à la mère en cas de risque d'accouchement prématuré ? Efficace pour prévenir les complications néonatales liées à la prématurité, elle présente aussi des risques d'effets secondaires, dose-dépendants, pour le nouveau-né. La dose actuelle, inchangée depuis 1972, va-t-elle bientôt évoluer ?

  • Kwangmoozaa/istock
  • 18 Sep 2022
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    Traitement anténatal de référence des complications néonatales liées à la prématurité, la corticothérapie administrée à la mère avant l'accouchement peut aussi être délétère pour les nouveau-nés. De plus en plus d'effets secondaires (dose dépendants) sur la croissance et le développement neurologique à long terme des enfants sont rapportés.

    Dans ce contexte, des chercheurs du service de gynécologie obstétrique de l'AP-HP ont cherché à savoir, dans un essai de non-infériorité, si réduire de moitié la dose de bétaméthasone injectée pouvait s'envisager. Pour mémoire, la dose actuellement recommandée est de deux injections de 12 mg administrées à 24 heures d'intervalle afin de prévenir notamment le syndrome de détresse respiratoire (SDRA) du nouveau-né.  

    Une étude de non-infériorité publiée dans le LANCET

    L'étude Bétadose, qui a fait l'objet d'une publication dans The Lancet a inclus 3200 femmes présentant un risque d'accouchement prématuré dans 37 différentes maternités de niveau 3 en France. Toutes ont reçu une première injection de bétaméthasone avant 32 semaines d'aménorrhée. Puis selon le tirage au sort, certaines ont reçu la seconde injection 24 heures plus tard et les autres un placebo, le tout en double aveugle.

    Parmi les nouveau-nés du groupe demi-dose, 20% ont eu besoin d'une administration intratrachéale de surfactant dans les 48 heures suivant la naissance (critère de jugement principal) pour traiter un SDRA contre 17,5% dans le groupe pleine dose. Une différence entre les deux groupes qui « ne permet ni de conclure à la non-infériorité de la demi-dose ni à son infériorité » précisent les chercheurs sur le site de l'AP-HP.  

    Des taux de décès néonataux similaires dans les deux groupes

    Les taux des complications les plus graves de la prématurité comme la dysplasie broncho-pulmonaire, l'hémorragie intraventriculaire, les entérocolites nécrosantes ou encore les décès néonataux, tous critères de jugement secondaires, étaient quant à eux identiques dans les deux groupes.

    Malgré un essai de grande qualité méthodologique, « nos résultats ne soutiennent pas les changements de pratique vers une réduction de la dose de bétaméthasone anténatale » concluent les chercheurs. Pour autant, dans le communiqué dédié, l'AP-HP se félicite de résultats « très encourageants » grâce à l'espoir d'un développement neurologique identiques des enfants dans les deux groupes. Une conclusion qui ne pourra cependant être donnée que dans plusieurs années à l'issue des résultats de l'essai BETANINO, suivi à 5 ans des enfants de l'essai BETADOSE. La dose ne changera donc pas d'ici peu

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