Médecine générale
Hotlines gériatriques : à améliorer pour les médecins généralistes
Les hotlines gériatriques ont pour objectif l'amélioration du parcours de soins en proposant notamment des alternatives à de récurrents passages aux urgences. Quelle utilisation en ont les médecins traitants, principaux utilisateurs ? Et comment améliorer le dispositif ?
- Halfpoint/istock
Créées il y a quelques années par les Agences Régionales de Santé (ARS), ces lignes téléphoniques directes d'accès à un gériatre ont pour but d'améliorer l'interface ville-hôpital et le parcours de soins des personnes âgées. Essentiellement destinées aux médecins de ville, elles permettent d'obtenir conseils, des aides à l'orientation ou faciliter une hospitalisation sans passage aux urgences.
Un rapport d'étude publié par l'école nationale de sécurité sociale et le CHU de Saint Etienne dresse une analyse de l'impact des hotlines gériatriques sur le parcours de soins des personnes âgées. L'occasion de (re)découvrir l'utilisation et la vision qu'ont les médecins généralistes de ce dispositif, jugé globalement efficient mais qui pourrait encore être amélioré.
Les médecins généralistes, principaux utilisateurs des hotlines
Les principaux utilisateurs des hotlines sont les médecins généralistes. L'étude réalisée sur 7 sites hospitaliers français disposant d'une hotline gériatrique, montre qu'ils représentaient 75% des appelants.
Les motifs d'appel concernaient majoritairement une demande d'hospitalisation : plus d'un tiers pour une demande d'hospitalisation en urgence en gériatrie et un autre tiers pour une hospitalisation en différé. Dans les autres cas, le médecin souhaitait obtenir un conseil (27%) et beaucoup plus rarement une demande de consultation (2,4%) ou une hospitalisation aux urgences (1,3%). Les résultats ont par ailleurs suggéré que dans la plupart des cas, médecin appelant et gériatre répondant, avaient une appréciation similaire de la gravité de la situation.
Le degré d'urgence de la situation ayant motivé l'appel, évalué à l'aide d'une échelle visuelle analogique de 0 à 10, était en moyenne plus élevé chez les médecins appelants que chez les gériatres répondant à la hotline (5,4 vs 5,9) mais sans différence statistiquement significative. Ces résultats suggèrent que l'expertise de la hotline est surtout utile pour orienter dans le parcours de soins plutôt que l'évaluation du degré d'urgence bien maîtrisé par les appelants.
Une orientation dans le parcours de soins qui vise notamment à éviter un passage aux urgences très souvent délétère pour les personnes âgées. Une étude française menée par Célarier et al avait d'ailleurs montré en 2014 que 20 à 35% ces passages aux urgences étaient inappropriés et auraient pu être évités à la condition d'avoir un avis gériatrique adapté.
Plages horaires plus larges, plus grand nombre de lits dédiés
Une enquête de satisfaction menée auprès de médecins généralistes du bassin stéphanois et publiée l'année dernière dans une revue gérontologique a montré que 70% des médecins généralistes utilisateurs de la hotline était satisfaits du dispositif. Plus de trois quarts ont estimé que leur pratique quotidienne en gériatrie avait été améliorée grâce à l'utilisation de la hotline. Un effet bénéfique qui allait crescendo avec les années d'utilisation : plus le nombre d'années de connaissance de l'outil augmentait plus le praticien estimait sa pratique quotidienne améliorée.
Toutefois 50 % des utilisateurs pensait aussi que le dispositif pouvait être amélioré grâce au recul d'expérience des utilisateurs. Les auteurs du rapport plaident pour une pérennisation de ces dispositifs jugés efficients autant sur l'avis des utilisateurs que sur le versant médico-économique. Mais ils estiment, comme les médecins généralistes interrogés que des améliorations sont nécessaires. Parmi elles, des plages horaires plus larges, un plus grand nombre de lits dédiés ou encore la nécessité d'un numéro unique facilement identifiable sur l'ensemble du territoire. En attendant ce numéro unique, une carte des hotlines gériatriques, éditée par la Société Française de Gériatrie et de Gérontologie (SFGG) est disponible en ligne pour connaître le numéro de sa hotline de référence.
Un dispositif d'avenir
A terme sans nul doute les personnes âgées deviendront le cœur du métier de l'hôpital déclarent les auteurs du rapport. Mais comment l'hôpital répondra-t-il à cette problématique ? s'interrogent-ils en introduction.
Les hotlines gériatriques seront sûrement un dispositif d'appui majeur. Cependant malgré leur efficience, elles ne sauront à elles seules résoudre les graves problèmes auxquels doit et devra de plus en plus faire face l'hôpital tels que le manque de lits ou de personnel hospitalier.