Infectiologie
Virus respiratoire syncytial : un vaccin pour réduire la mortalité
Un vaccin contre le virus respiratoire syncytial serait efficace contre les infections symptomatiques et l'excrétion virale dans une phase 2 chez de jeunes adultes en bonne santé. Aucun problème évident de tolérance n'a été identifié.
- Artur Plawgo/istock
Le virus respiratoire syncytial (VRS) est de plus en plus reconnu comme une cause d'infections graves des voies respiratoires inférieures chez les personnes âgées et les jeunes enfants.
Deux groupes viraux majeurs, le VRS A et le VRS B, peuvent co-circuler et sont antigéniquement stables. Cependant, la protection liée à l’infection est transitoire et les infections sont donc récidivantes.
Dans l'étude publiée dans le New England Journal of Medicine, 62 jeunes adultes en bonne santé ont été inoculés avec un VRS test 28 jours après avoir reçu le vaccin VRSpreF (31 participants) ou un placebo (31 participants).
Très bonne efficacité à court terme
Une infection symptomatique par le VRS, confirmée par la présence d'ARN viral détectable pendant au moins deux jours consécutifs, un critère d'évaluation principal, est identifiée chez 6,5% des participants du groupe vacciné et 48,4% de ceux du groupe placebo, ce qui correspond à une efficacité vaccinale de 86,7% (IC à 95%, 53,8 à 96,5).
Deux autres critères d'évaluation primaires, le score des symptômes et la mesure de la charge virale quantifiable, sont fortement en faveur du groupe vacciné. Tous les critères d'évaluation secondaires sont également en faveur du groupe vacciné, y compris la détection du virus quantifiable chez les participants avec une infection symptomatique par le VRS.
Un taux de virus quantifiable est détecté chez aucun des sujets vaccinés et chez 41,9% des sujets ayant reçu le placebo, ce qui donne une efficacité du vaccin de 100,0% (IC à 95 %, 72,8 à 100,0) pour ce paramètre secondaire. Aucun problème de tolérance n'a été identifié.
Un développement vaccinal émaillé d’échecs
Dans les années 1960, l'administration d'un vaccin VRS inactivé par le formol à de jeunes enfants avait entraîné secondairement une maladie aggravée chez les enfants vaccinés lors du contact avec le VRS. Mais, désormais, plusieurs candidats vaccins ont été élaborés après une meilleure compréhension des caractéristiques immunologiques et de la structure du virus.
La glycoprotéine de fusion (F) du VRS, qui est située à la surface du virus, est nécessaire à l'infection (fusion du VRS avec la cellule hôte), elle est hautement conservée et constitue donc une cible pour des anticorps neutralisants.
Surtout, la forme de préfusion de la protéine F est devenue une cible vaccinale après que des recherches ont montré qu'elle serait beaucoup plus antigénique que la forme de postfusion. En a résulté le développement d'une protéine F du VRS stabilisée dans la conformation de préfusion et un vaccin spécifique : VRSpreF.
Une étude de phase 2
L'étude randomisée de phase 2a a été conçue pour générer des données préliminaires sur l'efficacité à court terme d'un vaccin bivalent (VRS A et VRS B) basé sur la forme de préfusion de la proitéine F (VRSpreF) avec l’exposition secondaire à un VRS de provocation. Elle fait suite à trois études antérieures de phase 1-2 et 2b (avec un recrutement combiné de 1948 adultes en bonne santé) qui se sont concentrées sur la sécurité et l'immunogénicité et ont déterminé la dose du vaccin.
Ces résultats sont passionnants mais restent très préliminaires car les participants de cette phase 2 ont fait l'objet d'un dépistage des taux d'anticorps anti-F préfusion et seuls ceux dont les titres d'anticorps se situaient dans le quartile inférieur des participants potentiels ont pu être inclus dans l'étude. De plus, ils étaient jeunes et en bonne santé. Enfin, l’essai a eu lieu peu de temps après la vaccination, de sorte que la durée de la protection reste à ce jour inconnue.
Intéressant en attendant la phase 3 en cours
Surtout, il reste à déterminer si le vaccin sera en mesure de prévenir les maladies des voies respiratoires inférieures chez les personnes plus âgées avec un risque élevé en lien avec une comorbidité grave associée au VRS, ce qui est actuellement testé dans une phase 3.
Mais, d’après un éditorial associé, comme environ 1 ou 2 adultes américains de 65 ans ou plus sur 1 000 sont hospitalisés chaque année pour une pneumonie associée au VRS ou une exacerbation d’une maladie cardio-pulmonaires sous-jacente, avec un risque de décès de 1 à 2%, un vaccin bien toléré contre le VRS, même s’il est modestement efficace, pourrait avoir un effet majeur sur la morbidité et la mortalité associées au VRS dans le monde.