Urologie
Cancer de la prostate : UroFrance appelle à un dépistage sans faux-positifs
Gravir le Mont Ventoux aux côtés de Michel Cymes pour combattre le cancer contre la prostate, c'est l'idée originale de l'association française d'urologie. Un défi médiatique pour informer le public sur la nécessité du dépistage. Un dépistage que les urologues voudraient plus systématique, en raison notamment de la révolution dans la connaissance et la prise en charge de ce cancer ces dernières années.
- Razvan/istock
L'Association Française d'Urologie (AFU) vient de lancer une campagne d'information et de mobilisation du public contre le cancer de la prostate. Son objectif, précise le professeur Georges Fournier, président de l'association est « de mieux faire connaître cette maladie et la façon de la découvrir au stade de début de son évolution, lorsqu'elle peut encore être guérie ».
L'occasion donc d'insister sur l'importance du dépistage qui fait encore l'enjeu de débats dans la communauté scientifique et médicale. Mais pour les urologues, leur position, bien que contradictoire avec les recommandations HAS actuelles est claire « la principale action est de dépister le cancer de la prostate à partir de 50 ans par le dosage du PSA, sans attendre d’avoir des symptômes urinaires ou des douleurs ».
Une préconisation d'autant plus justifiée aujourd'hui en raison des grandes avancées en termes de diagnostic et de prise en charge qui ont révolutionné le domaine ces dernières années. Pour se faire entendre l'AFU clôturera sa campagne le 17 septembre prochain par un événement sportif inédit et à forte visibilité, l'ascension du Mont Ventoux aux côtés de personnalités emblématiques du monde sportif et médical.
Pédaler aux côtés de Michel Cymes, contre le cancer de la prostate
Pour la mobilisation contre ce cancer, responsable de 8100 décès par an, l'AFU a recruté Michel Cymes et Bernard Hinault. Ils feront partie du peloton solidaire qui gravira le 17 septembre prochain le Mont Ventoux. Patients, médecins et grand public sont invités à participer à l’événement dont l'intégralité des fonds sera reversée au fonds de recherche de l'AFU contre le cancer de la prostate.
Au-delà de la médiatisation escomptée de l’événement, le défi sportif est aussi l'occasion de rappeler le rôle de l'activité physique dans le cadre de la prévention des cancers « le fait de rouler contre le cancer et par conséquent de faire la promotion d'une activité sportive, est plus que jamais porteur de sens » insiste le Dr François Rozet, administrateur de l'association. Car l'activité physique peut permettre de diminuer de 36% la fatigue quel que soit le stade du cancer de la prostate, d'atténuer les effets secondaires de certains traitements et d'améliorer le sommeil et réduire les symptômes anxieux et dépressifs, rappellent les urologues.
Les révolutions de ces dernières années incitent à davantage dépister
Pour argumenter la nécessité d'un dépistage systématique du cancer de la prostate, également préconisé par la Société Européenne d'Urologie, l'AFU insiste sur la « révolution dans la connaissance du cancer de la prostate et de sa prise en charge ». Des évolutions qui déroutent les arguments de sur-diagnostic et sur-traitement qu'engendrerait un dépistage systématique. Les connaissances sur les facteurs de risque génétiques, environnementaux et familiaux se sont précisées, ouvrant la voie à des procédures de dépistage plus personnalisées.
Les sociétés d'urologie préconisent ainsi pour le dépistage, une démarche de dosage initial du PSA associée à une stratégie basée sur le risque individuel. A l'issue si le risque est jugé significatif, le patient se voit proposer biopsie ou IRM. L'AFU insiste d'ailleurs sur l'apport de l'imagerie : « un cancer devenu visible grâce à l'IRM » peut-on lire dans le communiqué. L'IRM a en effet bénéficié ces dernières années d'une diversification des protocoles utilisés, améliorant la sensibilité et la spécificité de l'examen. L'IRM multiparamétrique permet ainsi de réduire le recours aux biopsies, car elle offre de performantes données notamment pour déterminer l'agressivité tumorale. En discriminant les patients, elle permet de réduire le nombre de biopsies réalisées. Elle contribue aussi à améliorer le taux de diagnostic en comparaison à des sujets bénéficiant directement de la biopsie, en permettant la réalisation de biopsies ciblées.
En termes de traitement, les stratégies de prise en charge ont également bien évolué réduisant les risques de sur-traitement. C'est notamment pour la prise en charge des cancers à un stade précoce, l'AFU parlant dans ce domaine du changement « le plus spectaculaire ». Pour les cancers les moins agressifs, le traitement n'est plus systématique mais une surveillance active est désormais la règle et suffit dans trois-quart des cas. Plus globalement les patients sont traités selon une approche stratifiée en fonction du risque qui tient compte de leur espérance de vie et du risque de mortalité par cancer, réduisant ainsi le nombre de patients traités et donc les effets indésirables et les surcoûts associés.
L'absence de consensus international sur les modalités de dépistage du cancer de la prostate expliquent les débats dans le domaine. Cette campagne destinée au grand public est sans doute aussi l'occasion pour les professionnels de santé et les autorités sanitaires de repenser la question avec l'éclairage des nouvelles connaissances acquises ces dernières années