Pédiatrie

Laits infantiles : l'OMS alerte sur pratiques commerciales abusives qui dissuaderaient d'allaiter

L'industrie des préparations pour nourrissons cible de manière insidieuse et constante les jeunes mères via les réseaux sociaux. Une pratique qui les dissuade d'allaiter et que dénonce donc vivement l'Organisation Mondiale de la Santé.  

  • LSOphoto/istock
  • 16 Mai 2022
  • A A

    L'Organisation Mondiale de la Santé révèle dans un communiqué de presse « l'ampleur choquante des pratiques abusives de commercialisation des préparations pour nourrissons ».

    A l'origine du scandale, son nouveau rapport : Portée et impact de la commercialisation numérique pour la promotion des substituts au lait maternel. Il détaille les pratiques insidieuses de marketing de l'industrie des préparations pour nourrissons qui visent notamment les mères allaitantes. Leur but étant d’accroître les ventes de substituts de lait maternel en influençant leurs décisions concernant l'alimentation de leurs bébés. En d'autres termes, essayer de faire renoncer certaines mères à allaiter pour plus de bénéfices.

    Des pratiques choquantes que l'OMS dénonce, rappelant que « l'allaitement exclusif et continu est un facteur déterminant pour l'amélioration de la santé des enfants, des femmes et des populations tout au long de la vie ».   

    Sous couvert de soutien à la parentalité, un puissant réseau d'influence pour accroître les ventes

    L'étude révèle que les fabricants de lait infantiles paient des plates-formes de médias sociaux et des influenceurs pour obtenir un accès direct aux femmes enceintes et aux mères. Celles-ci sont ciblées au moyen de contenus personnalisés qui souvent, ne sont pas reconnaissables comme étant de la publicité.

    Ainsi au travers d’outils, apparentés à du soutien à la parentalité, comme des applications, des groupes de soutien virtuel, des services de conseil ou des forums, les industriels peuvent acheter ou collecter des informations personnelles et envoyer des promotions personnalisées aux femmes enceintes et aux mères de nouveau-nés.

    L'ampleur du phénomène est énorme : les fabricants publient du contenu sur leurs réseaux sociaux 90 fois par jour et touchent 229 millions d'utilisateurs, soit trois fois le nombre de personnes touchées par les messages d'information sur l'allaitement publiés sur des comptes non commerciaux.

    Des conséquences sur part d'enfants allaités 

    « Ce marketing omniprésent accroît les ventes de substituts du lait maternel et dans le même temps, dissuade les mères d’allaiter exclusivement, ce que recommande pourtant l’OMS » peut-on lire dans le communiqué. La pratique est d'autant plus intolérable que comme le souligne l'OMS les industriels profitent de cet accès aux femmes enceintes et aux mères à des moments de vie où elles sont les plus vulnérables.

    Une récente étude multi-pays sur laquelle s'est appuyée les auteurs du rapport met en évidence « la manière dont une commercialisation trompeuse renforce les idées fausses sur l'allaitement et sape la confiance des femmes dans leur aptitude à combler les besoins nutritionnels de leurs nouveau-nés par l'allaitement ».

    Alors que déjà trop peu d'enfants sont allaités, l'OMS estime que la part d'enfants allaités pourrait encore diminuer avec la poursuite de ces pratiques, tout cela pour renforcer les bénéfices de l'industrie des préparations pour nourrissons dont la valeur s'élèverait déjà à 55 milliards de dollars...

    Un plaidoyer pour interdire la publicité pour les préparations pour nourrissons 

    L'OMS appelle l'industrie de l'alimentation infantile à cesser ces pratiques abusives de commercialisation et les gouvernements à protéger les familles via l'instauration et l'application de loi visant tout bonnement à interdire la publicité et la promotion des préparations pour nourrissons.

    Pour le Dr Francesco Branca, directeur du Département Nutrition et sécurité alimentaire de l’OMS, « voilà plusieurs décennies déjà qu’un terme aurait dû être mis à la promotion des préparations commerciales pour nourrissons ».

     

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----