Pneumologie
Pollution : les capteurs portables évaluent l’exposition individuelle
Une mise au point sur les nouveaux capteurs, améliorés en portabilité et en adaptabilité, permettant d'évaluer l'exposition individuelle à la pollution ambiante donne de bons espoirs sur une image précise de la pollution à l’échelle individuelle et générale. Une aide précieuse pour la prévention...D’après un entretien avec Isabella ANNESI-MAESANO.
Une étude, dont les résultats sont parus en décembre 2021 dans Sensors, a fait le point sur l’utilisation des micro-capteurs de pollution individuels. Il s’agit d’une revue systématique de la littérature, au cours de laquelle 67 études ont été incluses. L’ensemble de ces études portaient sur l’utilisation de micro-capteurs pour mesurer la pollution atmosphérique ou environnementale, ou encore dans un cadre professionnel. L’originalité réside dans l’assemblage de la prise en compte de la portabilité et l’adaptabilité des micro-capteurs et la corrélation avec d’autres mesures telles que la saturation en O2 ou la spirométrie.
Des modèles ne prenant pas en compte la mobilité des individus
Le professeur Isabelle ANNESI-MAESANO, directrice de recherche à l’INSERM de Montpellier et professeur d’épidémiologie environnemetale, rappelle à que la pollution atmosphérique représente un problème majeur de santé publique, avec les 9 millions de décès annuels qu’elle provoque. Elle souligne que la pollution est à l’origine de nombreuses maladies soit sous formes d’exacerbations chez des sujets déjà atteints d’asthme, de BPCO ou de fibrose pulmonaire idiopathique soit sous formes d’autres atteintes non respiratoires comme le diabète, les maladies neurodégénératives, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, les cancers, la prématurité, la polyarthrite ou encore les maladies cardiovasculaires, par pénétration des particules ultrafines dans la circulation sanguine. Elle insiste sur l’effet à long terme des expositions qui ne sont pas considérées comme nuisibles mais qui à doses répétées deviennent pathogènes. Isabella ANNESI-MAESANO explique qu’il existe plusieurs méthodes pour mesurer la pollution avec notamment les stations de surveillance de la qualité de l’air, qui constituent une obligation européenne. Cependant, ces stations sont installées dans les villes (27 stations à Paris) mais les habitants sont mobiles et ces stations ne peuvent pas mesurer la qualité de l’air des habitations. Or, la population passe 90% du temps à l’intérieur, ce qui rend les mesures extérieures très approximatives. Les mesures sont donc réalisées à partir d’estimations et de modèles.
Les micro-capteurs individuels localisent les pics
Isabella ANNESI-MAESANO explique que les micro-capteurs ont l’intérêt de mesurer la pollution en temps réel à l’endroit où se trouve l’individu, mais elle précise qu’il faut un grand nombre de micro-capteurs, donc qu’ils sont low-cost... Pour leur fabrication, les micro-capteurs utilisent des produits disponibles sur le marché, ce qui pose le problème des pièces qui viennent de Chine. Il en existe beaucoup qui peuvent être obtenus en ligne mais un grand nombre d’entre eux n’est pas validé. Cependant, Isabella ANNESI-MAESANO précise que ces micro-capteurs sont équipés de GPS, ce qui permet de mesurer la mobilité du sujet et d’identifier le lieu où un pic de pollution était présent. Ces appareils permettent également de mesurer l’activité physique du sujet. Cela constitue un moyen très efficace pour alerter les patients. Isabelle ANNESI-MAESANO cite, pour exemples, le cas d’un patient exposé régulièrement à des pics de pollution, simplement par ce que sa cheminée tirait mal ou encore les corrélations retrouvées entre le SADS et les pics de pollution. Elle ajoute qu’il serait intéressant d’en faire un dispositif médical, appliqué aux smartphones ou aux ordinateurs et que trois études dans lesquelles les micro-capteurs sont déployés sont actuellement en cours.
En conclusion, l’amélioration de la portabilité et de l’adaptabilité des micro-capteurs de mesure de pollution individuels peut permettre d’espérer une meilleure sensibilisation des individus à la pollution et une meilleure prévention. Ils pourraient rejoindre efficacement les multiples applications santé de prévention à l’échelle individuelle...