Exercice de la médecine
Violences envers les soignants : stigmates d'une société sous haute tension
Alors qu'ils étaient applaudis tous les soirs en début de pandémie, les soignants semblent maintenant devoir faire face à une recrudescence de violences à leur encontre.
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De plus en plus de faits de violence et d'intimidation visant des soignants sont relatés dans la presse, les professionnels de santé devenant parfois la cible « d'antivax ».
Dans ce contexte le Bulletin du Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM) consacre à un article à ce sujet.
A l'origine des violences : une société sous tension depuis 18 mois
Dr Solange Moore, pédiatre retraitée assurant des vacations en centre de vaccination décrit « un climat tendu, jusqu'au clash […] un homme m'a accusé d'être à la solde du gouvernement pour lui injecter du poison ».
A la source de la colère selon Géraldine Bloy, maître des conférences en sociologie, « une sursollicitation des ressources des soignants comme celle des patients » depuis le début de la pandémie, conduisant à une escalade progressive des tensions et de la violence. Elle précise toutefois qu'aucun chiffre fiable n'a encore été publié sur cette supposée évolution des violences.
Cultiver l'esprit critique et la communication pour prévenir les violences
Pas de solution miracle dans le contexte actuel pour prévenir ces violences d'après Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du CNOM, mais un travail sociétal à initier.
Il propose « une consolidation du socle d'enseignement scientifique […] afin que chacun de nos concitoyens puisse développer son esprit critique », mais aussi « d’enrichir la formation […] des professionnels de santé en matière de communication […] car la violence est parfois l'expression du sentiment de ne pas avoir été écouté ».
Savoir désamorcer les situations à risque
Le Dr Paul Frappé, président du Collège de médecine générale livre une pratique personnelle pour faire face aux situations violentes. Il s'appuie sur un document HAS présentant les stratégies de désarmorçage de situations à risque de violence . « Il repose sur cinq piliers. Le premier est le contrôle de soi pour une maîtrise des signaux verbaux et non verbaux qui risquent de nourrir le feu ».
Des données chiffrées sur ces violences seront publiés début 2022 dans le rapport de l'Observatoire de la sécurité des médecins. Qu'elles soient en augmentation ou non, le CNOM nous rappelle que chaque acte doit être signalé, entre autres, à son conseil départemental de l'Ordre