Pédiatrie
Polyarthrite rhumatoïde : le tabagisme passif des enfants augmente le risque
Le risque de souffrir d’une polyarthrite rhumatoïde séropositive augmenterait de 75% après avoir subi une exposition passive au tabagisme parental pendant l'enfance.
- yamasan/iStock
L’exposition des enfants à la fumée de cigarette est très mauvaise pour leur santé. Alors qu’ils sont en plein développement, ils ont statistiquement plus recours aux services d’urgence au cours de leur vie ou encore ont plus de risque de souffrir d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) mortelle à l’âge adulte. Cela commence même avant leur naissance puisque le placenta des futures mamans conserverait des traces de tabac avant même le début de la grossesse.
Une nouvelle étude, publiée dans la revue Arthritis & Rheumatology, ajoute une preuve supplémentaire aux méfaits de l’exposition des enfants à la fumée de cigarette. Celle-ci met en lumière un lien direct avec un risque accru de polyarthrite rhumatoïde (PR) plus tard dans la vie.
L’exposition au tabagisme passif après 18 ans n’a pas montré d’incidence
Les chercheurs américains du Brigham and Women's Hospital ont examiné les données recueillies auprès de 90 923 femmes dans le cadre de l'étude Nurses' Health Study II (NHSII). Ils ont divisé l’exposition passive en trois catégories : le tabagisme maternel pendant la grossesse, le tabagisme parental pendant l'enfance et les années vécues avec des fumeurs après 18 ans. “L'inflammation des muqueuses des poumons causée par le tabagisme a suscité un vif intérêt en tant que déclencheur de la pathogenèse de la PR, affirme Jeffrey A. Sparks, auteur principal de l’étude. Mais la majorité des patients atteints de PR ne sont pas des fumeurs, nous voulions donc examiner une autre façon d'inhaler cette substance qui pourrait précéder la PR.”
Les résultats ont révélé que, même en tenant compte du tabagisme à l'âge adulte, l'exposition passive au tabagisme parental pendant l'enfance augmente le risque de souffrir d’une polyarthrite rhumatoïde séropositive de 75%. Ce risque a augmenté encore chez les participants qui sont eux-mêmes devenus des fumeurs actifs. Le tabagisme maternel pendant la grossesse et les années vécues avec des fumeurs au-delà de 18 ans n'ont montré aucune association significative avec un sur-risque de PR.
Une relation jusque-là peu explorée
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie inflammatoire auto-immune caractérisée par une citrullination des protéines. De nombreuses personnes atteintes de PR ont des signes d'inflammation bronchique et, bien que d'autres facteursn génétiques et environnementaux, existent, “le tabagisme personnel (actif) est le facteur de risque environnemental le mieux établi associé à la PR tandis que le tabagisme passif était relativement peu exploré”, estiment les auteurs de l’étude.
Pour établir un lien plus concluant entre le tabagisme passif et la PR, les chercheurs ont utilisé les données des questionnaires NHSII collectés tous les deux ans entre 1989 et 2017 auprès de 90 923 femmes âgées de 35 à 52 ans. Ils ont également utilisé les dossiers médicaux des participants pour confirmer l'incident de PR et le statut sérologique. Une modélisation statistique a ensuite été utilisée pour estimer l'effet direct de chaque exposition au tabagisme passif sur le risque de PR, ainsi que pour contrôler d'autres facteurs tels que le tabagisme personnel.