Pneumologie
BPCO : la stabilité comme objectif.
La guérison complète de la BPCO est un objectif qu’il est impossible d’atteindre mais la stabilité doit représenter le but de la prise en charge. Des critères pour évaluer cette stabilité sur tous ses axes (exacerbations, déclin respiratoire et symptômes) devront être précisés pour adapter la prise ne charge de chaque patient. D’après un entretien avec Olivier LE ROUZIC.

Une étude, parue en janvier 2025 dans l’American Journal of Respiratory Critical Care Medicine, a cherché à évaluer les objectifs de la prise ne charge de la BPCO, compte-tenu, à la fois, du caractère irréversible de la maladie et des améliorations que l’on peut apporter avec le traitement. Il s’agit d’une revue de la littérature qui a cherché à définit la notion de stabilité comme objectif de la prise en charge thérapeutique de la BPCO. Les auteurs se sont également penchés sur l’exploration de cette stabilité et son évaluation, afin de permettre d’élaborer et valider des objectifs de traitement réalisables pour chaque patient, ce qui permettrait de faire progresser l’efficacité des soins qui sont proposés aux patients.
Des objectifs en trois dimensions
Le professeur Olivier LE ROUZIC, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Lille, explique que la vraie question est de savoir quels sont les objectifs dans la prise en charge de la BPCO. En effet, il est impossible de s’attendre à une disparition complète de la maladie, contrairement à l’asthme par exemple, puisque l’obstruction bronchique est irréversible. Les notions de contrôle et de stabilité, en termes d’objectifs, sont donc évoquées comme, par exemple, au cours le prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde ou de la sclérose en plaques. L’idéal serait de ne plus observer de signes évolutifs. Olivier LE ROUZIC précise donc que ces objectifs se développeraient sur trois axes : la diminution du nombre des exacerbations, voire leur disparition, la diminution ou l’interruption du déclin respiratoire et le contrôle des symptômes. Il souligne qu’il s’agit d’objectifs observables sur le long terme, que les biothérapies pourraient peut-être aider à atteindre.
Sur quels critères évaluer les objectifs de stabilité ?
Olivier LE ROUZIC explique qu’il est nécessaire de mettre en place des critères pour évaluer chacun des objectifs. Concernant les exacerbations, il suffit d’en compter le nombre mais sur une période relativement longue, de 6 à 12 mois, pour avoir une évaluation significative. En terme de déclin de la fonction respiratoire, la spirométrie pourrait être utilisable mais la variabilité d’une mesure à l’autre avoisinant les 150ml et le déclin devant être inférieur à 30ml, il faut plusieurs mesures, sur un temps suffisamment long pour être juste. Enfin, les symptômes tels que la dyspnée ou la toux peuvent être évalués par un interrogatoire du patient mais peuvent aussi être baisés par des comorbidités, tels que l’insuffisance cardiaque par exemple. De plus, Olivier LEROUZIC souligne qu’l existe une problématique supplémentaire représentée par l’absence de biomarqueur spécifique de la stabilité de la BPCO, l’éosinophilie ne permettant pas vraiment d’évaluer le contrôle de la maladie. Il évoque l’imagerie et la présence de bouchons muqueux dont la disparition pourrait être liée à la diminution du nombre d’exacerbations, mais cela n’est pas encore formellement prouvé. Les seuls critères d’évaluation restent donc la survenue d’événements et la mesure du déclin respiratoire, mais cela manque de précision…
En conclusion, l’objectif de stabilité dans la prise ne charge de la BPCO est un sujet très intéressant, mais il est nécessaire de mettre en place des critères et des outils d’évaluation sur le long terme et couvrant les trois axes à viser. Les nouvelles thérapeutiques telles que les biothérapies et les thérapies ciblées vont peut-être pouvoir participer activement à l’atteinte de ces objectifs.