Médecine générale
Fortes chaleurs : la question de l'adaptation médicamenteuse
Quelle vigilance ? Quelle adaptation des traitements en cas de fortes chaleur ? L'ANSM profite du début de l'été pour rappeler les règles de bon usage des médicaments en cas de vague de chaleur.
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Les beaux jours s'installent et la chaleur aussi. Une période propice pour l'ANSM pour rappeler comme tous les ans quelques règles du bon usage des médicaments en cas de vague de chaleur. Les populations les plus à risque, rappelle l'agence en préambule, sont les nourrissons et les enfants, les personnes âgées et/ou dépendantes ou encore celles atteintes d'une pathologie chronique sévère.
A noter aussi qu'en cas d'isolement social, le risque accroît la fragilité liée au risque du cocktail médicaments + chaleur. Plusieurs documents sont à disposition des professionnels de santé et du grand public, dont une fiche sur la mise au point du bon usage des médicaments en cas de vague de chaleur, dont voici les principaux messages.
Une longue liste de molécules à risque
En cas de vague de chaleur, précise l'ANSM, « les médicaments à prendre en considération sont ceux susceptibles d'induire une hyperthermie, d'aggraver indirectement les effets de la chaleur [ou encore] d'aggraver un syndrome d'épuisement-déshydratation par troubles de l'hydratation ou troubles hydro-électrolytiques ou encore altération de la fonction rénale ».
En pratique, ils sont très nombreux et concernent toutes les spécialités médicales : laxatifs, diurétiques, IEC, certains antibiotiques, de nombreux psychotropes, certains antispasmodiques etc... et la liste est loin d'être exhaustive. Un tableau récapitulatif des molécules à risque est mis à disposition par l'ANSM en annexe de la mise au point et mérite un coup d’œil en ce début d'été.
Une adaptation médicamenteuse à considérer au cas par cas
La vigilance est donc de mise sur une longue liste de molécules à risque d'aggraver les effets de la chaleur et ce notamment chez les personnes les plus à risque. Mais attention alerte l'ANSM, « en aucun cas il n'est justifié d'envisager systématiquement une diminution ou un arrêt des médicaments pouvant interagir avec l'adaptation de l'organisme à la chaleur ».
L'adaptation doit « être considérée au cas par cas » précise l'agence, qui recommande aux professionnels de santé de procéder à l'évaluation complète de l'état d'hydratation (examen clinique, ionogramme, créatinimémie, tension artérielle etc...) avant toute décision thérapeutique.
Autres recommandations de circonstance : dresser la liste des médicaments à risque des patients, réévaluer leur intérêt en supprimant ceux qui sont « soit inadaptés, soit non indispensables ; en particulier ceux susceptibles d'altérer la fonction rénale » et comme souvent l'indispensable éducation du patient, en ciblant une fois encore les populations les plus vulnérables, en leur recommandant « de ne prendre aucun traitement sans avis médical, y compris les médicaments délivrés sans ordonnance ».
S'il y en a 3 à retenir, ce sont ceux là
L'ANSM appelle à une vigilance particulière sur trois types de traitements en cas de vague de chaleur. Elle insiste ainsi sur l'importance d'éviter la prescription d'AINS, « particulièrement néphrotoxiques en cas de déshydratation », d'éviter aussi le paracétamol « inefficace pour traiter les coups de chaleur et responsable d’une possible aggravation de l'atteinte hépatique souvent présente » et en cas de prescription de diurétiques « vérifier que les apports hydriques et sodés sont adaptés ».