Cardiologie
Score calcique et risque cardiovasculaire : plus performant que le score polygénique
Le score calcique coronaire, déterminé d’après un scanner thoracique, s'avère être plus performant que le score de risque polygénique pour la prédiction du risque coronarien aussi bien en solo ou qu'en complément des facteurs de risque classiques.
- mr.suphachai praserdumrongchai/istock
L'évaluation du risque cardiovasculaire d'une personne est la pierre angulaire de la mise en place de stratégies préventives adaptées. Les scores de risque clinique conventionnels fournissent une estimation du risque encore trop imprécise. De nouveaux marqueurs de risque peuvent améliorer la prédiction du risque, en particulier coronarien.
Certaines études ont déjà montré l'intérêt des plus prometteurs : le score calcique coronaire et le score de risque polygénique. Mais lequel des deux est le plus performant ? Une nouvelle étude publiée dans le JAMA a permis de comparer ces deux « nouveaux prédicteurs » au sein d'une même cohorte pour répondre à cette question. Et il y a un grand gagnant !
Score calcique vs score polygénique : 2-0
L'étude qui a porté sur deux cohortes bien connues du monde cardiovasculaire, la MESA (Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis) et la RS (Rotterdam Study), confirme tout d'abord que score calcique coronaire et score polygénique sont tous deux statistiquement associés au risque coronarien à 10 ans. Un résultat déjà mis en évidence dans d'autres études.
Mais l'étude apporte un nouvel élément intéressant : le score calcique permet, aux vu de ces résultats, une meilleure prédiction du risque coronarien que le score de risque polygénique (dans la cohorte MESA hazard ratio de 2,6 contre 1,43).
Autre « victoire » pour le score calcique : ajouté aux facteurs de risque traditionnels, «il démontre une excellente discrimination et reclassification du risque de coronaropathie » soulignent les auteurs, ce qui n'est pas le cas du score de risque polygénique ni de la combinaison des deux scores. L'étude a inclus plus de 3100 participants de 45 à 79 ans blancs ou d'origine européenne et exempts de toute maladie cardiovasculaire. Le suivi était de 10 ans dans l'étude RS et allant jusque 17 ans pour la cohorte MESA (médiane 16 ans).
Une étude robuste mais des résultats possiblement surestimés
Pour les 1991 participants de la cohorte multicentrique américaine MESA, l'âge médian était de 61 ans contre 67 ans pour les 1217 participants de la cohorte néérlandaise RS. L'analyse en sous-groupe stratifié sur l'âge médian démontre les mêmes résultats que les résultats principaux. Le design de l'étude et la méthodologie de qualité lui confère un haut niveau de preuve. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir quelques limites.
Les auteurs expliquent par exemple que la discrimination du risque coronarien mise en évidence pour ces deux nouveaux marqueurs dans l'étude pourrait avoir été surestimée. En cause l'utilisation pas tout à fait appropriée du score de risque PCE (pooled cohort equation), scientifiquement validé en cohorte américaine, pour l'estimation du risque de survenue d'un événement cardiovasculaire incluant risque de coronaropathie et d'AVC. Dans la présente étude, ayant été utilisé pour évaluer uniquement le risque de survenue d'un événement coronarien, les résultats ont pu en être biaisés précisent les auteurs.
La nécessité de nouvelles équations prédictives du risque incluant le score calcique
Cette nouvelle étude permet une fois encore de considérer le score calcique comme un élément clinique riche d'information pour la prédiction de survenue d'un événement coronarien en association aux autres facteurs de risque classiques.
« De futures études développant et validant de nouvelles équations prédictives optimales intégrant le score calcique coronaire avec des approches statistiques conventionnelles et innovantes doivent maintenant être envisagées » expliquent les auteurs pour la poursuite des recherches dans ce domaine et pour envisager d'inclure officiellement ce paramètre dans la prédiction du risque cardio-vasculaire.