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Réduire la taille des pintes pour limiter la consommation d’alcool ?
Des chercheurs britanniques ont tenté l'expérience de réduire la taille des verres de bière dans des pubs pour diminuer la consommation d’alcool.
Une récente étude de l'université de Cambridge fait beaucoup parler d’elle : et si réduire la taille des verres de bière était une solution efficace pour limiter la consommation d'alcool ? En Grande-Bretagne, où un adulte sur cinq dépasse les quantités recommandées, une équipe de chercheurs a expérimenté pendant trois mois une réduction du volume des pintes dans treize pubs au total. Il s’avère que remplacer la pinte de 568 ml (comme c’est le cas en Angleterre) par un format de deux tiers (environ 378 ml) pourrait réduire la consommation de bière et de cidre de 10 %. Et ce, sans pour autant frustrer les clients, le prix de la chope de bière étant en corrélation avec la taille du verre.
Le nombre de verres plus important que la taille pour les consommateurs
L'étude, publiée dans la revue Plos Medecine, révèle que les consommateurs se focalisent souvent sur le nombre de verres plutôt que sur leur taille. "Les gens pensent davantage au nombre de portions qu’à la taille de ces portions", explique un des chercheurs dans The Guardian. Même si, en parallèle, les ventes de vin ont augmenté au cours de l’expérience, la consommation totale d’alcool a ainsi tout de même diminué.
Les professionnels du secteur se sont montrés néanmoins réticents : sur 1.700 établissements sollicités, seuls 13 ont accepté de participer. Un scepticisme qui s'explique par le fait que la pinte demeure une institution dans la culture britannique, selon les scientifiques. A noter que la pinte outre-Manche est la plus grande au monde, surpassant celle de France (500 ml) et d'Australie (425 ml). Cette question de la taille pose également des enjeux de santé publique : l'alcool est responsable de 7 % des maladies et décès prématurés en Europe, selon le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités.
L’idée de réduire les portions pour modérer la consommation n’est pas nouvelle. Des études antérieures ont montré que diminuer la taille des assiettes de 30 % entraînait une baisse équivalente de la quantité de nourriture ingérée. Preuve que notre cerveau peut facilement être leurré... La chercheuse Dame Theresa Marteau, responsable des travaux, soutient dans les colonnes du Guardian que cette approche pourrait avoir des effets positifs : "Est-ce que cela peut contribuer à la santé de la population ? Je dirais que oui, sans aucun doute."
Réduire la taille des pintes, un enjeu de santé publique
La proposition de réduire le volume des pintes a suscité des commentaires variés de la part de personnalités britanniques. Si l’humoriste Geoff Norcott a exprimé sur X son mécontentement face à cette initiative ("Je n'ai jamais été aussi proche de manifester devant les bureaux d’un média"), d'autres, comme la journaliste Elle Hunt, soutiennent qu'une pinte est souvent trop grande pour une consommation agréable.
Dans un contexte où la consommation excessive d'alcool est en hausse – avec plus de 7.400 décès liés à l'alcool en 2020 en Angleterre et au Pays de Galles – cette étude pourrait ouvrir la voie à des discussions plus larges sur la santé publique et la régulation de la consommation d'alcool. La réduction des portions pourrait ainsi devenir une stratégie parmi d'autres, aux côtés de la taxation et des campagnes de sensibilisation.