Crise de goutte

Repas de fête : les boissons à bannir quand on souffre de la goutte

En cette période de fêtes et de repas riches et arrosés, les personnes atteintes de goutte doivent être particulièrement vigilantes. En plus de réduire leur consommation d'alcool et de certains aliments riches en purines, elles doivent également éviter les boissons sucrées comme les sodas et les jus de fruits industriels.

  • Par Raphaëlle de Tappie
  • AlexRaths/iStock
  • 24 Déc 2022
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    0,9 % de la population française souffre de goutte, les hommes âgés étant les plus touchés.

    La goutte, une maladie chronique

    La goutte est une maladie chronique causée par un niveau anormalement élevé d'acide urique dans le sang et de dépôts de microcristaux d'acide urique dans les articulations et les tissus environnants, provoquant une inflammation. Cette pathologie se manifeste par des crises soudaines appelées « crises de goutte ». Les patients souffrent alors de douleurs articulaires accompagnées de rougeurs, de chaleur et d’un gonflement de la zone touchée. Habituellement, chez les hommes, c’est le gros orteil qui est le plus affecté. Chez les femmes, d'autres articulations peuvent être touchées. En plus de la douleur qu'elle provoque, l'inflammation augmente le risque cardiovasculaire.

    Modifier l'alimentation pour prévenir les crises douloureuses

    Lorsqu'un patient a une crise de goutte, son médecin lui prescrit des médicaments et préconise souvent des changements de mode de vie visant à maintenir le taux sanguin d'acide urique en dessous d'un certain niveau. Étant donné que cet acide provient de la dégradation des purines, molécules présentes dans de nombreux aliments, il est souvent recommandé de modifier son alimentation. La bière, les alcools forts et les produits tels que la viande rouge, les abats, la charcuterie, les fruits de mer, le maquereau, les sardines ainsi que le hareng doivent être évités car ils sont riches en purines. Par ailleurs, en 2020, des spécialistes rappelaient dans la revue médicale Prescrire qu'il fallait aussi interdire les boissons sucrées comme les sodas, les jus de fruits et les nectars industriels. En effet, "le métabolisme du fructose, comme celui de l'alcool, tend à augmenter la production d'acide urique", note la rédaction.

    Pour tirer cette conclusion, les spécialistes se sont appuyés sur deux études concernant plusieurs dizaines de milliers de personnes. "Après prise en compte de divers facteurs pouvant influer sur le risque de goutte, dont la consommation d’alcool et l’indice de masse corporelle, ces études ont montré un risque de goutte environ deux fois plus grand chez les personnes consommant plus d’une boisson sucrée par jour par rapport à celles n’en consommant pas", est-il rapporté. En conclusion, "les patients souffrant de goutte ont intérêt à réduire, voire éviter, les boissons contenant des sucres ajoutés, telles que les sodas". N'oubliez pas qu'en général, les boissons sucrées, même "light", ne sont pas bonnes pour la santé. Les scientifiques les associent souvent à un risque accru de diabète, d'obésité et même de maladies cardiovasculaires.

    Le rôle de la génétique dans les crises de goutte

    Sur son site Internet, l'Assurance maladie a répertorié les boissons sucrées comme facteur de risque de la goutte. "La goutte résulte d’une augmentation anormale et chronique du taux d’acide urique dans le sang, qui s’explique par un apport alimentaire élevé en purine et surtout par un défaut d’élimination par les reins de l’acide urique. Lorsque la concentration en acide urique excède la limite de solubilité, des cristaux d’acide urique (urate de sodium) se forment et se déposent dans les articulations et autour d’elles. L’acide urique est issu de la dégradation des purines présentes dans de nombreux aliments (aliments riches en protides, alcool, bière, boissons sucrées…). Il est ensuite éliminé par les reins, dans les urines", est-il précisé.

    Mais il faut noter que l'alimentation n'est pas le seul facteur de développement de la goutte. En octobre 2018, une étude publiée dans le BMJ suggérait que la génétique avait un rôle plus important dans la survenue de cette maladie courante. Pour leurs travaux, les chercheurs ont analysé les dossiers médicaux de 8.414 hommes et 8.346 femmes en bonne santé. En analysant leur taux sanguin d'acide urique, ils ont remarqué que les aliments liés à des niveaux élevés modifiaient de moins de 1 % la variation du taux d’urate. En revanche, une analyse génétique des participants a montré que des facteurs génétiques communs expliquaient près du quart (23,9 %) de la variation des taux.

    "Nos données remettent en question les perceptions largement répandues selon lesquelles la goutte est principalement causée par l'alimentation, montrant pour la première fois que les variantes génétiques contribuent beaucoup plus à la goutte que l’exposition par voie alimentaire ", remarquent les chercheurs. Ainsi, "une grande partie de la prépondérance des malades à l’hyperuricémie et à la goutte n’est pas modifiable", concluent-ils, appelant à la fin de la culpabilisation des patients et à une surveillance plus étroite des membres d’une famille où une personne souffre de la goutte.

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