Intimité
Le sexe a-t-il une odeur ?
Ça "sent" vraiment le sexe ? Le parfum de l’intimité est-il excitant ? Quid des phéromones ? Bien qu’elles ne déterminent pas notre comportement, les odeurs font partie intégrante de la sexualité.
Chez les animaux, c’est largement prouvé, il n’y a pas de sexualité sans odeur. Les parfums génitaux d’une femelle en chaleur provoquent chez le mâle une excitation sexuelle, une volonté de se reproduire, tout comme les fameux phéromones, signaux olfactifs inodores qui indiquent la disponibilité des femelles pour être fécondées - et qui rendent fous les mâles. L’exemple le plus connu est celui du papillon de nuit capable de détecter une femelle à plusieurs kilomètres à la ronde, selon l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE), qui a longuement travaillé sur le sujet. Des études ont même établi que si l’on désactive l'organe voméronasal, qui est directement relié à l'hypothalamus, siège cérébral des émotions et des comportements sexuels, l’animal ne montre plus aucun intérêt pour la chose.
Les phéromones sexuelles chez l’humain sont un mythe
Bien que moins développé, le système olfactif des humains n’est pas non plus insensible à la "sexualité". Au cours d’une étude de l’université du Texas, repérée par Le Parisien, des hommes ont senti des chemises de nuit portées par des femmes étant ou non en période d’ovulation : 90% d’entre eux ont trouvé "plus séduisante" l’odeur du vêtement des femmes qui ovulaient. Une autre étude, toujours citée par le quotidien, a observé que les pourboires de femmes strip-teaseuses américaines doublaient pendant leur période d’ovulation. D’après les scientifiques, "les hommes pourraient utiliser des odeurs dans leur sélection de partenaires", notamment parce que "leurs chances de reproduction dépendent de leur capacité à trouver des femmes fertiles".
Il n’empêche : chez nous, les phéromones sexuelles sont plus proches du "mythe", rappelle Le Quotidien du médecin. La preuve, nous sommes excités par d’autres facteurs que l’olfaction, comme la vue, l’ouïe, le toucher ou encore l’imagination et les fantasmes. En effet, avec le développement du cerveau et la complexification des comportements sexuels, notamment la parole et la séduction, le rôle de l’organe voméronasal - et donc des phéromones - s’est réduit jusqu’à devenir quasi-inexistant. Aujourd’hui, "nous ne produisons ni ne sentons de phéromones. Il n’y a pas chez l’homme de réponse aussi stéréotypée et incontrôlable [que chez les animaux]", nous confirmait Dr Sophie Lemonier. Oubliez donc les influenceurs des réseaux sociaux qui veulent vous vendre des produits soi-disant boostés aux phéromones pour attirer le sexe opposé, ou encore les publicités qui vantent un supposé élixir d’amour, il n’existe pas !
Le sexe a surtout l’odeur de sa pratique
Reste que le sexe lui-même a une odeur. Ou plutôt des odeurs, brutes, émises par les fluides corporels avant, pendant et après l’étreinte. Ça "sent" bel et bien le sexe, souvent, dans une pièce où deux amoureux viennent de batifoler. Au-delà des senteurs spécifiques des organes génitaux, "c’est la combinaison du sperme et des sécrétions vaginales qui aboutit à cette odeur après le sexe", expliquait le Dr Rotimi Adesanya dans un article repéré par Slate. Et ne vous y trompez, l’odeur (et le goût) de ces fluides sont le résultat des différentes protéines et composants qui les composent : elle dépend donc notamment de notre alimentation.
Mêlées à celles de la sueur (importance de l’hygiène !), ces odeurs du désir et du plaisir peuvent être érogènes pour de nombreuses personnes. Un quart des femmes hétérosexuelles trouvent l’odeur des rapports sexuels excitante, et plus d’un quart des hommes hétéros disent aimer l’odeur du sexe féminin, selon une étude citée par Le Parisien. Loin de nous faire perdre la tête comme des phéromones, ces odeurs si particulières pourraient surtout nous faire de l’effet sur le plan psychologique et émotionnel : par exemple, nous renvoyer vers des souvenirs érotiques passés, nous rappeler le parfum musqué d’un compagnon... et ainsi jouer sur nos émotions au moment où l’on le sent. Une seule chose est sûre : en matière de séduction et de sexualité, l’odeur de quelqu’un semble avoir son importance... mais seulement après avoir consommé la relation et partagé quelques sentiments !