TDAH
L’hyperactivité concerne 400 000 enfants en France
Une étude récente prétend que les enfants français sont les plus nombreux à en souffrir en Europe, mais les médecins continuent de s’interroger sur la réalité de ce trouble.
« Mon enfant est un hyperactif »… La tentation est forte, devant un enfant difficile, turbulent, de lui coller cette étiquette très à la mode, plutôt que celle de « sale gosse ». Or l’hyperactivité n’est qu’un symptôme qui participe à une atteinte psychiatrique très médiatisée : le TDAH, pour « Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité ». Un diagnostic qui toucherait 3 à 5% des enfants d’âge scolaire dans notre pays, un à deux par classe, soit 400 000 âgés de 4 à 18 ans. La médiatisation de l’hyperactivité a masqué l’importance des autres symptômes qui appartiennent à trois familles : l’agitation, mais aussi l’impulsivité (manque de patience, colères), et surtout le déficit d’attention.
Invention ou particularisme américain, surévaluation ? Ces accusations ne sont pas nouvelles, rien de typique de notre époque : la médecine en parle depuis le 19e siècle, et dans des sociétés qui n’ont pas bénéficié de notre développement, on rencontre des enfants souffrant des mêmes symptômes, ce qui disqualifie la responsabilité de notre mode de vie moderne.
On n’a pas identifié de zone responsable dans le cerveau ; il s’agit plus probablement de défauts de maturation des circuits, ce qui explique qu’un tiers des enfants guérissent sans traitement, grâce au processus du mûrissement que l’on doit accompagner.
L’éducation est-elle en cause ?
La plupart des familles de malades semblent manquer de constance dans les exigences de la vie quotidienne, mais cela ramène à la génétique : son importance est telle, retrouvée dans 70% des cas, qu’il n’est pas rare qu’un parent soit atteint de la même maladie ; voire les deux… ce qui ne facilite pas le traitement !
L’absence d’anomalie du cerveau ou de modifications chimiques décelables conduit certains médecins à parler d’invention pour justifier la prescription de médicaments, psychostimulants, considérés par certains comme des drogues.
Le traitement du TDAH est le monde des paradoxes : emploi de jeux vidéo pour stimuler l’attention, alors qu’il y a encore peu, on les disait facteurs d’aggravation, et surtout utilisation d’un médicament proche des amphétamines. Prescrire un stimulant paraît de prime abord paradoxal chez un hyperactif. En fait, on utilise son action sur le déficit de l'attention, ce qui a pour conséquence de calmer l'agitation. Un rapide tour sur internet montre l’ambiance passionnelle qui entoure ces médicaments, que certains n’hésitent pas à appeler « kiddy coke », la drogue des enfants. Un traitement très discuté, probablement efficace, mais trop prescrit chez près de huit millions d’enfants dans le monde.
En France, seuls 5% des TDAH suivent ce traitement médicamenteux, qui n’est réservé qu’aux formes graves et en cas d’échec des autres approches. Nos médecins préfèrent les technique de rééducation, l’éducation de l’enfant certes, mais aussi des parents, le travail avec les enseignants ; de vraies solutions mais beaucoup plus contraignantes que le recours à une simple pilule…
Il n’y a pas de lien entre le TDAH et l’intelligence, et les difficultés scolaires dont souffrent la plupart de ces enfants sont liées aux troubles du comportement ou au déficit d’attention. Pourtant, en vieillissant, 50% des enfants conservent leurs symptômes, ce qui explique le chiffre de 7% de la population adulte atteinte, selon l’étude la plus récente.