Gène défaillant

Les fringales nocturnes enfin expliquées

Avoir faim en plein milieu de la nuit  n'est pas simplement le fait de gourmands insatiables. Une mutation génétique en serait la cause, selon une étude. 

  • Par Antoine Llorca
  • DURAND FLORENCE/SIPA
  • 23 Mai 2014
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    Se réveiller en plein milieu de la nuit pour manger une cuillérée de Nutella reève, pour certaines personnes, d'une attitude compulsive. Nombreux sont ceux pour qui la nuit commence à 23h et se termine à 7h sans aucune interruption. Mais pour les mangeurs nocturnes, c’est mission impossible. Jusqu’à aujourd’hui, aucun chercheur n’a été en mesure d’expliquer pourquoi certaines personnes souffrent de « syndrome de fringale nocturne »(1), c’est-à- dire l'ingestion de nourriture en plein milieu de la nuit. Un gène défaillant en serait la cause, selon une étude sino-américaine publiée dans le journal scientifique, Cell Reports.

    Un gène défaillant suffit

    Les auteurs de l’étude se sont servis de souris dans lesquelles ont été introduits deux gènes humains, le PER1 et le PER2, deux liés au sommeil et aux troubles du sommeil. Pour savoir lequel des deux était responsable, les chercheurs les ont désactivés l'un après l'autre. Lorsque le gène PER2 a été mis au repos, les souris ont manifesté une grande fatigue et de manière beaucoup plus tôt qu’à l’habitude. Lorsqu’il est désactivé, le PER1 entraîne une envie de manger chez les souris qui les empêche de dormir.

    Lors d’un régime imposé par les chercheurs à toutes les souris, celles aux gènes défaillants n’ont pas pris plus de poids que les autres. Même sur une période de 10 semaines, le résultat est semblable. Les auteurs de l’étude ont découvert, qu’en cas de syndrome de fringale nocturne, la prise de poids est dûe à un accès facile et permanent à la nourriture et non pas à un facteur métabolique.

    Pour ses auteurs, cette étude est aussi une preuve que les gènes PER1 et PER2, lorsqu’ils sont synchronisés, permettent de garder le cycle du sommeil et le cycle de la faim alignés. La rupture du lien entraînerait une envie de manger pendant la nuit.

    Une reconnaissance de cette pathologie

    « Depuis longtemps, les gens pensaient que le syndrome de fringale nocturne n’était pas réel », confie l’auteur de cette étude, le Dr Satchidananda Panda. Dans le monde scientifique, elle est considérée depuis peu comme étant un trouble alimentaire à part entière par l’American Psychiatric Association. Grâce à cette étude, la perception de la population face à cette pathologie pourra évoluer.

    Les résultats ont même supris l’équipe du Dr Panda : « Nous n’avions pas imaginé que nous pourrions découper les cycles du sommeil et les cycles de la faim, surtout avec une simple mutation génétique. » Cette découverte est une première étape vers l’analyse plus approfondie de ces cycles. Pour le Dr Panda, « Cela ouvre la porte à de nombreuses questions pour le futur, notamment pour savoir comment ces cycles sont régulées. »


    (1) Syndrome de fringale nocturne, ou d’hyperphagie nocturne : trouble alimentaire qui se manifeste par l’ingestion nocturne de plus de 25 % de l’apport calorique quotidien, ou par la consommation nocturne d’aliments deux fois ou plus par semaine.

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