Amélioration de la fonction pulmonaire
Grossesse et tabac : la vitamine C pour protéger les poumons du bébé ?
Une supplémentation en vitamine C au cours de la grossesse améliorerait la fonction respiratoire des bébés de femmes enceintes fumeuses d’après une étude. L’arrêt du tabac reste cependant une priorité.
Que l’on fume une ou dix cigarettes par jour, la grossesse et le tabac reste une combinaison à très haut risque pour la mère comme pour l’enfant. Risque de fausse couche plus élevé, taux de naissances prématurées ou de complications à l’accouchement plus important, mort subite du nourrisson plus fréquente, les dégâts causés par le tabagisme maternel sont nombreux. Or si pour de nombreuses femmes, la perspective d’avoir un enfant est également l’occasion de se débarrasser de cette addiction, pour les plus dépendantes, cela reste malgré tout mission impossible.
Ainsi, une étude qui vient d’être présentée lors d’un congrès américain de pneumologie va peut-être rassurer ces femmes. En effet, ces travaux qui viennent d’être simultanément publiés dans la revue JAMA révèle qu’une simple supplémentation en vitamine C pourrait réduire certains effets néfastes du tabac chez l’enfant, notamment au niveau de sa fonction respiratoire. Une bonne nouvelle alors que de nombreuses études ont déjà montré que le tabagisme maternel pendant la grossesse affecte négativement le développement pulmonaire des bébés et entraine un risque d’asthme plus important.
Des effets respiratoires positifs 1 an après la naissance
Alors que des travaux antérieurs réalisés chez des primates exposées à la nicotine avaient montré les bienfaits de vitamine C sur le développement de la fonction pulmonaire de leurs descendants, ces chercheurs ont donc tenté de transposer cette expérience chez l’être humain. Ainsi, ils ont donc inclus dans leur étude des femmes enceintes fumeuses, certaines recevant 500 mg de vitamine C par jour et d’autres, un placebo. Au final, 159 nouveau-nés de femmes enceintes fumeuses ont participé à cette étude, avec notamment des tests de mesure respiratoire dans les 72 h suivant leur naissance, puis un an après leur naissance. Résultat, les bébés des femmes qui avaient reçu des compléments de vitamine C ont eu de meilleurs résultats aux tests de fonction pulmonaire réalisés quelques jours après leur venue au monde. Plus étonnant encore, il semble que l’effet positif de cette supplémentation durait au moins jusqu’à leur 1er anniversaire. En effet, seul 20% des enfants du groupe vitamine C avaient une respiration sifflante à 1 an contre 40% des enfants du groupe placebo.
L’arrêt du tabac reste l’objectif N°1
D’après ces chercheurs, plus de 50% des fumeuses, une fois enceinte ne parviennent pas à s’arrêter. Pour elles, cette étude met en évidence l’intérêt de mettre en place de nouvelles interventions pour diminuer les risques notamment respiratoires de ces enfants. « Bien que l'arrêt du tabac reste l'objectif, la plupart des fumeuses enceintes continuent de fumer, ce qui soutient la nécessité d'une intervention pharmacologique, précisent les auteurs. D'autres études ont montré que la fonction pulmonaire réduite des enfants de fumeurs se poursuit dans l'enfance et même jusqu'à l'âge de 21 ans ».
Même si ces travaux méritent encore d’être confirmés, la supplémentation en vitamine C chez les fumeuses enceintes pourrait être une approche simple et peu coûteuse pour diminuer certains des effets du tabagisme sur la fonction pulmonaire du nouveau-né. « Toutefois, l’arrêt du tabagisme devrait être l'objectif principal des fumeuses qui ont un projet de grossesse ou qui sont enceintes. En empêchant son fœtus d’être exposé à la fumée de tabac, une femme enceinte peut faire plus pour la santé respiratoire et globale de son enfant que n'importe quelle quantité de vitamine C ne pourra jamais être en mesure d'accomplir, » conclut le Pr Graham L. Hall dans un éditorial accompagnant cette publication.