Données nationales pour 2012

Méningite C : le nombre de victimes en forte recrudescence

Faute de recours au vaccin recommandé et remboursé depuis 2010, le nombre de cas de méningite de type C est reparti à la hausse, selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire.

  • Par Afsané Sabouhi
  • NIKO/SIPA
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  • 07 Jan 2014
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    « Les crises médiatiques à répétition sur les vaccins finissent par laisser des cicatrices graves chez les Français ! », s’emporte Robert Cohen, pédiatre et infectiologue au Centre hospitalier de Créteil. Les chiffres publiés ce matin dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire viennent en effet ajouter la méningite de type C à la liste des maladies en recrudescence faute de couverture vaccinale adéquate. Entre 2010 et 2012, le nombre de cas pour 100 000 habitants a quasiment doublé chez les moins de 1 an, les 15-19 ans et les adultes de plus de 25 ans. Et le problème s’installe puisque les auteurs du BEH soulignent que 85 cas d’infections par le méningocoque C sont survenus au 1er semestre 2013 contre 99 pendant toute l’année 2012.

    La méningite de type C n’est pas la plus fréquente en France. Sur les 559 méningites notifiées en 2012, 68% étaient dues au méningocoque B contre 18% pour le méningocoque C. Elle est en revanche la plus meurtrière, avec 14% de décès des personnes infectées contre 5 à 8% pour les autres formes de méningite.

    Une campagne de vaccination lancée en catimini

    Pour éviter ces décès souvent fulgurants, le calendrier vaccinal recommande depuis 2010 la vaccination systématique de tous les enfants de plus de 1 an et des adultes jusqu’à 24 ans. L’objectif visé était de protéger les plus concernés, c’est à dire les nourrissons de moins de 1 an, sans alourdir encore leur calendrier vaccinal, mais en vaccinant ceux qui dans leur entourage sont susceptibles de leur transmettre l’infection. « Les Hollandais ont adopté cette stratégie avec succès, ils ont aujourd’hui des taux de couverture vaccinale de l’ordre de 90% qui assurent la protection des nourrissons et des adolescents », explique le Dr Robert Cohen.

    Pour le moment en France, l’échec est tangible. Le BEH rapporte des taux de couverture vaccinale au 31 décembre 2013 de seulement 50% chez les 1-4 ans, 30% chez les 5-9 ans et decrescendo jusqu’à 3% à peine chez les jeunes adultes. Ce qui est totalement insuffisant pour assurer l’immunité de groupe recherchée. Pour le Dr Robert Cohen, l’explication est limpide : « Qui a entendu parler de l’importance de cette vaccination ? Les pouvoirs publics n’ont même pas émis le moindre support de communication, pas de spots radios ou télé, rien ! » L’obstacle financier, en revanche, peut être écarté puisque la dose vaccinale est remboursée à 65% par la sécurité sociale et complétée par les mutuelles.

    Ecoutez le Dr Robert Cohen, pédiatre et infectiologue au CHI de Créteil (94) et coordinateur du réseau InfoVac : « Dans un contexte ambiant de défiance envers la vaccination, l’Etat se désintéresse complètement de ce vaccin ! »  

    « Non seulement, nous avons été les derniers d’Europe de l’Ouest à recommander cette vaccination mais le silence des autorités est tel que tous nos voisins ont de meilleures couvertures vaccinales que nous », insiste l’infectiologue. S’il ne décolère pas face à cette nouvelle campagne de vaccination ratée, c’est parce que l’absence d’implication des pouvoirs publics dans cette vaccination qu’ils ont pourtant recommandé nuit aussi à l’engagement des médecins. S’ils restent aujourd’hui les seuls capables de convaincre leurs patients de se faire vacciner et de faire vacciner leurs enfants, encore faut-il commencer par les informer précisément lorsqu’un nouveau vaccin est introduit dans le calendrier vaccinal.

    Ecoutez le Dr Robert Cohen : « Comme pour « Les antibiotiques, c’est pas automatique », les médecins parviennent beaucoup plus à convaincre lorsque les Français ont déjà entendu le message ailleurs »

     

    A défaut d’implication forte des pouvoirs publics pour recréer la confiance entre les Français et la vaccination, les associations de proches de victimes comptent elles sur leur propre campagne de communication et sur la journée nationale contre la méningite chaque 1er samedi d’octobre pour sensibiliser le grand public à cette urgence médicale absolue.

    Le Dr Robert Cohen déclare prendre part à des essais cliniques en qualité d’investigateur principal, coordonnateur ou expérimentateur principal pour GSK et Pfizer. Il déclare également recevoir des versements substantiels au budget d’une institution dont il est responsable de la part de Pfizer, GSK, Sanofi Pasteur MSD et Novartis.

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