Agée de 32 ans en moyenne

La chirurgie vulvaire séduit de plus en plus de Françaises

La nymphoplastie est une chirurgie qui vise à réduire la taille des petites lèvres. Longtemps taboue, elle est de plus en plus pratiquée.

  • Par Léa Surugue
  • OJO Images / Rex Featur/REX/SIPA
  • 20 Nov 2015
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    La nymphoplastie a changé la vie de Marie*. La jeune femme ne pouvait plus se regarder dans le miroir. Ces dernières années, elle n’avait osé se montrer nue que devant un seul un homme, son gynécologue. Et pour cause, Marie faisait un véritable complexe sur son son sexe, dont elle jugeait les petites lèvres trop longues.

    Cette situation avait engendré une vraie souffrance psychologique et des inconforts physiques au quotidien. « Ce n’était plus possible, je ne pouvais plus continuer comme ça. Je trouvais ça tellement laid, je ne pouvais pas mettre les habits que je voulais sans me sentir mal. L’opération m’a permis de retrouver une vie normale » explique t-elle aujourd’hui.

    Comme Marie, de plus en plus de femmes font le choix de la chirurgie intime pour résoudre ce problème à la fois esthétique et fonctionnel. Mais comme il n’existe pour le moment aucun registre en France pour recenser toutes ces opérations il est donc compliqué de mesurer l’ampleur du phénomène.

    Toutefois, des spécialistes interrogés par PourquoiDocteur disent constater une augmentation de la demande ces dernières années. Elle tient selon eux à deux raisons principales : une médiatisation accrue de la procédure, et une évolution des techniques opératoires, devenues plus sûres et plus élaborées.

     

    Esthétique ou réparatrice ?

    Longtemps taboue, la nymphoplastie de réduction est sans doute la chirurgie de l'intime qui a le plus progressé en France. Elle consiste à retirer une partie des petites lèvres hypertrophiées, en cas d'excès particulièrement important (de 2 à 4 cm).

    Dans ce type d’opérations, les dimensions psychologique et sociale sont importantes, et peuvent pousser les femmes à passer à l’acte. Pourtant, les chirurgiens plastiques sont formels : la nymphoplastie répond à une demande qui va beaucoup plus loin qu’une simple requête esthétique.

    Elle a aussi une fonction réparatrice, comme l’explique le Dr Yohann Dehry, chirurgien plastique à Paris, qui réalise entre quatre et cinq nymphoplasties par semaine. « Il y a toujours une composante plastique dans la demande des patientes, mais l’anatomie de certaines les gênent au quotidien, dans la pratique sportive ou dans les rapports sexuels », souligne –t-il. Un avis que partage le Dr Stéphane Smarrito, autre expert du sujet, à l’origine d’une nouvelle technique opératoire dénommée lambda-laser.

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    Stéphane Smarrito, chirurgien plasticien : « Souvent l'idée c'est que les patientes viennent uniquement sur un registre esthétique, je m'oppose à cette idée. Quand on leur pose la question on voit bien que ce n'est pas cela. Il y a toujours des signes associés qui sont de l'ordre de la fonction, notamment pour 37 % des patientes un tiraillement lors de l'acte sexuel...»
     

    A tout âge

    Les premières consultations avec le praticien doivent justement être l’occasion de comprendre la motivation des femmes. « Généralement, les patientes sont déterminées. Elles viennent avant tout pour elles, rarement pour leurs conjoints ou parce qu’elles voudraient imiter leurs modèles dans les magazines ou les films » souligne le Dr Gabor Varadi, qui opère de nombreuses Françaises, dans la clinique genevoise où il exerce.

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    Gabor Varadi, chirurgien plasticien à Genève (Suisse) : «Les femmes m'expliquent tout de suite avec beaucoup de fierté qu'elles sont assez grandes pour prendre une décision toutes seules, et que la décision vient d'elles-mêmes ...»

     

    Il s’agit en fait de femmes plutôt jeunes, et surtout, particulièrement bien informées. L’âge moyen des patientes est de 32 ans, d’après une étude menée par le Dr Smarrito. Toutefois, celui-ci distingue trois types de profils qui peuvent avoir recours à cette chirurgie.

    D’abord des femmes jeunes, qui éprouvent des douleurs lors de leurs premiers rapports sexuels et décident de réagir rapidement en consultant. Ensuite, les femmes d’une quarantaine d’années, comme Marie, qui après plusieurs grossesses constatent des inconforts plus marqués. Enfin, des femmes âgées de plus de soixante ans, qui veulent bénéficier d’une opération dont elles ne soupçonnaient pas l'existence.

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    Stéphane Smarrito : « A partir du moment où cette zone est un problème nous on apporte une solution. J'ai mené une étude, l'âge moyen est de 32 ans, avec trois pics...»

     

    Un coût potentiellement élevé

    Peu douloureuse, l’opération entraine rarement de complications post-opératoires. Mais mal réalisée, elle est très difficilement rattrapable et peut avoir des conséquences majeures sur la vie sexuelle des patientes.

    Malgré tout, le succès de la nymphoplastie devrait se confirmer, principalement en raison de la satisfaction ressentie par la majorité des patientes. « Je conseillerai la nymphoplastie sans hésiter, les bénéfices sont immédiats », souligne Marie.

    Deux approches

    Deux techniques, la méthode longitudinale et la méthode triangulaire, sont principalement employées par les chirurgiens.

    La technique longitudinale consiste à raccourcir les lèvres en coupant la partie excédentaire dans la longueur. La cicatrice est alors positionée longitudinalement sur le bord libre des petites lèvres. Cette technique peut être très efficace, et permet de redessiner les petites lèvres à la demande.

    Toutefois, elle doit être bien maîtrisée, car elle peut avoir des résultats catastrophiques, si le chirurgien enlève trop de matière.

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    Stéphane Smarrito : « Une technique longitudinale ratée c'est un drame...»


    La technique triangulaire peut quant à elle être complètement ratée sur le plan esthétique, avec un bout de lèvre « flottant », si les poins de sutures lâchent.


    Plus que la crainte des risques, c'est le coût de l'opération qui pourrait en ralentir la diffusion. En tant que chirurgie réparatrice, elle est certes prise en charge par la Sécurité Sociale, mais à hauteur de 46,48 euros, avec des possibilités de remboursement par les mutuelles. Mais en fonction du chirurgien, de la quantité des gestes réalisés et de la complexité de l’opération, le total débourser peut atteindre plus de 2500 euros en région parisienne, hors consultations préliminaires et post-opératoires.

     *Le prénom a été modifié

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