Sondage pour le Ciss
Délais d'attente : 55 % des Français peinent à trouver un spécialiste
Dans un sondage pour le Ciss, 30 % des Français disent n'avoir pas obtenu un rendez-vous chez un généraliste dans un délai raisonnable. Ce chiffre grimpe à 55 % pour un spécialiste.
« Recherche médecin désespérément », c'est l'appel au secours lancé par beaucoup de Français qui vivent dans un désert médical. La désertification de l'offre de soins que connaissent certains de nos territoires suit en effet une tendance inquiétante depuis plusieurs années. Et la situation ne semble pas s'arranger, s'inquiète le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss) dans un communiqué de presse publié ce mercredi. Le Ciss écrit même que « les différentes mesures incitatives mises en œuvre ne permettent pas de répartir plus harmonieusement les installations et les exercices ». Et au bout du bout, ce sont bien évidemment les patients qui trinquent. Une enquête dévoilée par l'association de patients montre justement qu'ils peinent souvent à obtenir un rendez-vous chez le médecin dans un délai raisonnable.
Des délais trop longs pour un rendez-vous
Dans ce sondage sur les déserts médicaux effectué par BVA (1), les premières difficultés que rencontrent les Français pour consulter un médecin sont les délais pour obtenir un rendez-vous. Ils placent ainsi en 1ère position les délais « trop importants » pour obtenir un rendez-vous (55 %).
La problématique semble plus importante encore dans les zones périurbaines (62 %). Loin derrière, les Français citent le refus de certains médecins de prendre de nouveaux patients (30 %) devant le coût trop élevé des consultations et la distance à parcourir pour trouver un médecin, à égalité (23 %). Au final, seuls 17 % de nos concitoyens déclarent n’avoir aucune difficulté pour consulter un médecin.
Les spécialistes et les dentistes dans le viseur
Plus précisément, c’est pour obtenir des rendez-vous auprès de médecins spécialistes que les Français rencontrent le plus de difficultés. Ils sont 55 % à avoir déjà été confrontés à l’impossibilité de prendre rendez-vous dans un délai raisonnable, dont 64 % des actifs. Les dentistes se placent sur la deuxième marche du podium des professionnels de santé pour lesquels les rendez-vous sont les plus difficiles à obtenir.
Les difficultés pour obtenir un rendez-vous dans un délai raisonnable avec un généraliste (27 %), un kinésithérapeute (11 %) ou un encore un infirmier (6 %) sont, elles, « plus marginales », note le Ciss.
L'éternel problème de l'accès aux ophtalmologues
Et lorsque l’on demande auprès de quels spécialistes les Français ont le plus de mal à obtenir un rendez-vous, il en ressort, comme souvent, que ce sont les rendez-vous ophtalmologiques qui sont, de loin, les plus difficiles à obtenir dans des délais raisonnables.
47 % des personnes ayant exprimé leur impossibilité à obtenir un rendez-vous avec un spécialiste ont cité un ophtalmologue. Une situation qui pourrait bien changer avec les mesures annoncées récemment par la ministre de la Santé .
Il y avait en tout cas urgence à agir, car ces spécialistes sont cités plus de 30 points devant les dermatologues (13 %) et les gynécologues (11 % au global mais 20 % auprès des femmes).
Les solutions proposées par les Français
Face à l’impossibilité d’obtenir un rendez-vous dans un délai raisonnable, 20 % des Français sont allés aux urgences, 15 % ont renoncé à un soin et 10 % ont eu recours à l’automédication.
Enfin, les Français ont aussi des solutions pour mettre fin à la pénurie de médecins dans certains territoires. Plus de 7 Français sur 10 pensent que les pouvoirs publics devraient intervenir pour réguler la répartition des médecins libéraux sur le territoire. Une proposition qui plaira sans doute aux syndicats de médecins libéraux qui clament fréquemment leur attachement à la liberté d'installation.
Moins polémique, un tiers des Français seraient prêts à recourir à la téléconsultation auprès d’un spécialiste pour pallier l’insuffisance de médecins.
(1) L'échantillon de 1 001 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus, a été interrogé par téléphone du 22 au 24 octobre 2015.