Ostéoporose
Ostéoporose : quels médicaments peuvent aggraver le risque ?
L'ostéoporose peut être secondaire à des traitements médicamenteux. Parmi ces derniers, les corticoïdes à fortes doses, les anti-aromatases dans le cas d'un cancer du sein, les anti-androgènes, qui traitent les patients souffrant d’un cancer de la prostate, les antirétroviraux contre le sida ou encore les antidépresseurs...
L’ostéoporose est une maladie osseuse qui associe diminution de la densité de l’os et modifications de sa micro-architecture. L’os est plus fragile et par conséquent le risque de fracture augmente. Avec l’allongement de l’espérance de vie, l’ostéoporose et les fractures associées représentent un problème de santé publique important, alerte l’Inserm. Selon l’Institut, on estime qu’autour de l’âge de 65 ans, 39% des femmes souffrent d’ostéoporose. Chez celles âgées de 80 ans ou plus, la proportion monte même à 70%. L’ostéoporose peut être provoquée par des maladies ou malheureusement secondaire à des traitements. Quels médicaments peuvent aggraver les risques et par quels mécanismes ? « Je vais prendre l’exemple emblématique de l’ostéoporose cortisonique, répond Véronique Breuil rhumatologue, spécialiste de l’ostéoporose au CHU de Nice. La cortisone, qui est donnée à bon escient et sauve de nombreuses vies dans des maladies inflammatoires, va avoir une action sur plusieurs organes. Ça va diminuer l’absorption digestive du calcium et la force musculaire avec un double effet : moins de formation osseuse et plus de chute. Ça peut jouer un rôle sur d’autres hormones nécessaires à la bonne santé osseuse. » Mais les corticoïdes à fortes doses ne sont pas les seuls médicaments à risque.
Les anti-aromatases, que l’on prescrit aux malades souffrant d’un cancer du sein, ou les anti-androgènes, qui traitent les patients atteints d’un cancer de la prostate, peuvent également être en cause. « Ce sont des révolutions thérapeutiques mais le but étant de mettre quasiment à zéro le taux d’œstrogène ou d’androgène, le patient n’aura plus leur effet bénéfique pour l’os », explique Véronique Breuil.
Les antirétroviraux que l’on donne aux personnes atteintes du sida et les inhibiteurs de la sérotonine que consomment les patients souffrant de dépression sont également à risque. « Et plus globalement, tous les traitements de psychiatrie », précise l’experte.
Calculez sa densité osseuse
Mais si vous ne pouvez pas vous passer de l'un de ces médicaments sur le long terme, comment minimiser son effet délétère sur les os ? Assurez-vous d’avoir un apport en vitamine D et en calcium optimum. Vous pourrez vous approvisionner en vitamine D en vous exposant quotidiennement au moins 15 à 20 minutes au soleil en fin de matinée ou dans l’après-midi, mais aussi en consommant des aliments comme des poissons gras (hareng, sardine, saumon, maquereau), certains champignons (girolles, cèpes et morilles), des produits laitiers enrichis en vitamine D, du jaune d’œuf ou encore du chocolat noir. Pour une dose de calcium suffisante, il est recommandé de manger au moins deux produits laitiers par jour (si possible trois) et de boire beaucoup d’eau minérale. Les fromages à pâte cuite comme le comté ou le parmesan sont les plus riches en la matière : 30 grammes apportent 263 mg de calcium. Si vous ne supportez pas les produits laitiers, consommez beaucoup d’eau minérale, de la viande et des légumes.
Véronique Breuil conseille également de pratiquer une activité physique régulière et de calculer votre densité minérale osseuse (DMO) « pour déterminer si en plus de ces mesures indispensables, vous avez besoin d’un traitement spécifique ». « Il s’agit d’un examen non douloureux et remboursé sur ordonnance », précise la spécialiste qui rappelle qu’il « ne faut pas le faire tous les jours. On va évaluer, en fonction de votre risque à deux ans, pour voir s’il y a eu une réduction significative de la masse osseuse ». C’est donc un examen à réaliser sur le long terme dans le cas d’un traitement pour une maladie longue ou chronique.
Une bonne hygiène de vie
Et que faire quand cet examen montre une diminution significative de l’os malgré un bon apport en calcium et en vitamine D ? Face à une DMO inférieure à la normale, en fonction de votre cas, de vos éventuelles pathologies, de vos facteurs de risque de fracture et de vos traitements en cours, votre médecin pourra vous prescrire des bisphosphonates. Ces médicaments « vont se fixer sur l’os pour l’empêcher de se détruire ».
« En conclusion, résume Véronique Breuil, quand on prend ces médicaments (susceptibles de fragiliser les os, NDLR), il faut avoir une excellente hygiène de vie et bénéficier de ce dépistage par la densité minérale osseuse de l’ostéoporose pour voir si vous faites partie des patients à risque, et faire un suivi permettant de comparer les résultats par rapport au début du traitement. »