Six millions de visiteurs
Un site sur le suicide fait scandale aux Etats-Unis
La plateforme américaine "Suicide autorisé" a fait l'objet d'une enquête du New York Times. Plusieurs dizaines de ses membres inscrits se seraient donné la mort. Une affaire similaire reposant sur un livre avait fait débat en France dans les années 1980.
Il s'appelle "Suicide autorisé" et il fait scandale aux Etats-Unis. Ce site qui, selon un article du New York Times repris par Courrier International, enregistrerait six millions de vues par mois, fournirait "des instructions explicites sur les façons de mourir". Le journal américain qui a mené une enquête sur cette affaire cite trois cas de jeunes adultes ayant mis fin à leurs jours après s'être inscrits sur cette plateforme et a identifié au total 45 suicides parmi ses membres.
"Suicide autorisé", créé en 2018 par deux hommes dont l'un vivant en Uruguay, serait majoritairement consulté par des moins de 30 ans. Et le New York Times rappelle que c'est dans la tranche d'âge des 15-24 ans que l'on a enregistré en dix ans, de 2009 à 2019, la plus forte hausse du taux de suicide aux Etats-Unis.
Les parents de plusieurs jeunes membres s'étant donné la mort appellent à la fermeture du site et le directeur de l'organisation de prévention Suicide Awareness Voices of Education, le psychologue Daniel Reidenberg, juge "révoltante" l'idée d'avoir créé une telle plateforme.
En France, l'affaire du livre "Suicide, mode d'emploi"
Dans les années 1980, une affaire similaire avait secoué la France. La publication en 1982 d'un livre intitulé "Suicide, mode d'emploi" écrit par Claude Guillon et Yves Le Bonniec, avait suscité une vague d'indignation. L'ouvrage, au-delà de nombreux chapitres sur l'histoire et l'actualité du suicide, présentait en effet une liste de médicaments mortels et des recettes médicamenteuses pouvant être utilisées pour mettre fin à ses jours. Vendu à plus de 100 000 exemplaires, l'ouvrage avait poussé des sénateurs à présenter une proposition de loi réprimant la "provocation au suicide", un texte prohibant "la propagande ou la publicité pour tout produit, objet ou méthode présenté comme permettant de se donner la mort" qui avait été adopté par les députés en 1987 et qui avait entraîné l'interdiction de ce livre à la vente.
Un procès avait même été intenté contre un de ses auteurs, Yves le Bonniec, par les parents d'un homme qui s'était suicidé après avoir reçu de cet auteur des conseils sur la façon de mettre fin à ses jours. L'association de Défense contre l'incitation au suicide s'était constituée partie civile dans cette affaire. La famille et l'association avaient été déboutés mais un tribunal correctionnel avait condamné Yves le Bonniec à une amende pour « abstention délictueuse de porter secours à personne en péril », décision confirmée en appel et en cassation en avril 1988.