“Gaz hilarant”
Protoxyde d’azote : une nouvelle alerte après une forte hausse des intoxications en 2020
L'ANSES et l'ANSM alertent sur les cas d’intoxication au “gaz hilarant” qui ont nettement augmenté chez les jeunes en 2020. L'inhalation de protoxyde d'azote entraîne, pour les consommateurs réguliers, des conséquences neurologiques graves et durables.
Le protoxyde d’azote continue de faire des ravages chez les jeunes. Il en fait même de plus en plus à croire les derniers chiffres publiés conjointement ce mardi par l’Anses et l’ANSM. Les autorités sanitaires rapporte que 134 cas ont été recensés aux centres antipoison en 2020 contre 46 en 2019, tandis que 254 signalements ont été enregistrés au sein des centres d’addictovigilance contre 47 l’année précédente. Des chiffres en constante augmentation alors que l’année 2019 avait été déjà marqué une augmentation importante des intoxications au “gaz hilarant”.
Des consommateurs de plus en plus jeunes
Le protoxyde d’azote est un gaz employé dans le domaine médical pour son action analgésiante, et commercialisé comme gaz propulseur dans les cartouches pour siphons à chantilly ou les aérosols d’air sec. Ceux qui le consomme en tant que drogue recherche son effet hilarant. “L’intensité des effets varie selon chaque personne, le contexte dans lequel elle consomme, la quantité et la qualité du produit”, précise le site drogues-info-service. L’inhalation du protoxyde d’azote entraîne aussi une euphorie comparable à une ivresse, des distorsions visuelles et auditives, une sensation de dissociation, un état de “flottement” et une désinhibition. L’inhalation modifie également la voix, qui devient particulièrement grave durant quelques secondes. Les effets sont quasiment instantanés et disparaissent en deux à trois minutes.
Ces effets attirent principalement les jeunes adultes, notamment les étudiants. Les plus jeunes, les lycéens et collégiens, sont également de plus en plus nombreux à consommer le “proto”. Parmi les 134 personnes exposées au protoxyde d’azote, l’âge médian était de 20 ans. Un peu moins d’un cas sur deux (44%) avaient entre 20 et 25 ans et 19,4% des cas étaient mineurs. Au total, le spectre des cas rapportés s’étalait de 13 ans à 42 ans. Par ailleurs, lorsqu’il était renseigné, soit seulement dans 70% des cas, le type de protoxyde d’azote consommé était pour la moitié des cas du protoxyde d’azote issu de cartouches à usage alimentaire, disponibles en vente libre, et inhalé via des ballons, précise le rapport.
Des atteintes sévères de la moelle épinière
La hausse du nombre de cas en 2020 est particulièrement significative puisqu’au-delà du simple nombre à la hausse, l’année a été marquée par deux confinements. Aucun cas n’a par exemple été rapporté au mois de mars. Cela signifie que l’essentiel des intoxications s’est concentré après le 11 mai et jusqu’à la veille du second confinement.
Les autorités sanitaires alertent face au risque encouru par les consommateurs, et notamment les plus réguliers. Les intoxications s’accompagnent souvent de la survenue de symptômes neurologiques persistantes et d’atteintes sévères de la moelle épinière. Par ailleurs, des cas neuromusculaires préoccupants tels que des paresthésies, des tremblements des extrémités ou des douleurs musculaires sont régulièrement rapportés. Des arrêts cardio-respiratoires et des comas peuvent également survenir, ainsi que des convulsions et des myoclonies (contractions musculaires rapides involontaires).