Qualité de l'air
Pollution automobile : même aux niveaux autorisés, le monoxyde de carbone peut être mortel
Le monoxyde de carbone, gaz inodore et invisible, est très dangereux pour la santé… Les normes gouvernementales de qualité de l’air ne seraient pas assez strictes pour empêcher ses effets délétères et meurtriers. C'est ce que souligne une étude qui est publiée alors que Santé Publique France révèle que 40 000 décès par an seraient liés aux particules fines, même si l'effet du confinement aurait sauvé 3 500 vies en raison de la diminution temporaire de la pollution automobile.
1 microgramme de monoxyde de carbone (CO) par mètre cube d’air augmenterait de 0,91% le risque de mortalité chez l’Homme, selon une étude publiée dans la revue The Lancet Planetary Health. Ce lien serait aussi valable lorsque les concentrations ne seraient que de 0,6 microgramme de CO - et même moins - par mètre cube. Ces résultats indiquent donc qu’une exposition même minime au monoxyde de carbone pourrait avoir des conséquences très néfastes sur la santé publique. D’après les auteurs, il faudrait donc baisser les concentrations ambiantes en CO admises par les normes gouvernementales en réduisant, notamment, le trafic routier. De plus, les chercheurs estiment qu’actuellement, il n’y a aucune preuve scientifique de la validité d’une valeur seuil en dessous de laquelle le CO pourrait être considéré sans danger pour l’homme. Pour parvenir à ces conclusions, les scientifiques ont analysé pas moins de 40 millions de décès ayant eu lieu entre 1979 et 2016 dans 337 villes de 18 pays.
Le monoxyde de carbone est un gaz mortel
Le monoxyde de carbone est un gaz inodore, incolore et toxique. Certains appareils peuvent en produire lorsqu’ils sont défectueux. Il s’agit par exemple des chaudières, des poêles ou encore des cheminées. En revanche, même en bon état, les moteurs de voitures ou de motos, les barbecues ou encore les groupes électrogènes engendrent inévitablement un rejet de CO dans l’air - minime et contrôlé - lorsqu’ils fonctionnent. Ainsi, il est vivement conseillé de les utiliser en extérieur afin d’éviter d’en respirer trop longtemps. Selon le site du ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, la dangerosité du CO dépendrait de la dose inhalée. Ainsi, 5000 part par million (ppm) pendant 20 minutes serait mortel. 2000 ppm pendant 3 heures ferait tomber la personne dans le coma. 1000 ppm pendant deux heures conduirait à une brève perte de connaissance. Enfin, de 400 à 500 ppm pendant une heure ou 100 ppm pendant plusieurs n’engendrerait aucun signe clinique. A noter qu’1 ppm équivaut à 1,146 microgramme de monoxyde de carbone par mètre cube d’air.
Les normes gouvernementales seraient trop hautes
Les normes environnementales de qualité de l’air ambiant pour le CO varient en fonction des pays. Aux Etats-Unis, la moyenne quotidienne est fixée à 7 microgrammes par mètre cube. Ce seuil a été fixé en 1971 et jamais réévalué depuis. D’autres pays d’Europe l’appliquent également tandis que la Chine, quant à elle, a jugé que la qualité de l’air ambiant de son territoire devait respecter une norme de 4 microgrammes de CO par mètre cube. Les auteurs de l’étude jugent l’ensemble de ces normes trop hautes et plaident pour la révision des directives mondiales et nationales sur la qualité de l'air en ce qui concerne le monoxyde de carbone. Ils soulignent également que les pouvoirs publics devraient aussi statuer sur les mélanges de polluants atmosphériques liés au trafic routier. “Ces résultats ont des conséquences importantes sur la santé publique, assure Kai Chen, l’un des auteurs. Des millions et des millions de personnes vivent dans des environnements avec des niveaux élevés de CO et où ces niveaux correspondent pourtant aux normes actuelles considérées comme sûres." Des taux légaux mais pourtant très néfastes...
Cette étude est publiée alors que Santé Publique France vient de dévoiler que 40 000 décès -soit près de 9% de la mortalité- seraient liés chaque année en France aux particules fines dues en partie à la circulation automobile, dont 7 000 pour lesquels le responsable serait le dioxyde d'azote. Seul point positif de ces statistiques inquiétantes, le confinement du printemps 2020 aurait sauvé 2 300 vies en réduisant les émissions de particules fines et 1 200 grâce à de plus faibles émissions de dioxyde de carbone.