Cognition

Dépression : se sentir triste peut accélérer le déclin de la mémoire chez les personnes âgées

Un lien a été observé entre les symptômes dépressifs et la perte de mémoire, montrant que ces deux conditions peuvent s’influencer mutuellement au fil du temps.

  • Par Chloé Savellon
  • LSOphoto/iStock
  • 13 Jun 2024
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    Tristesse constante, perte d’intérêt et de plaisir, insomnies, fatigabilité anormale… Ces symptômes surviennent en cas d’un épisode dépressif. "La dépression et le déclin cognitif coexistent souvent chez les personnes âgées et partagent plusieurs mécanismes. Malgré le fait que le dysfonctionnement cognitif ait été associé à une augmentation des symptômes dépressifs, la direction de cette association reste floue", ont signalé des scientifiques de l’Université de Rochester (États-Unis) et de l’University College London (Angleterre). C’est pourquoi ils ont décidé de mener une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue JAMA Network Open.

    Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont tenté de déterminer s’il existait un lien bidirectionnel entre les symptômes dépressifs et la fonction cognitive chez les adultes anglais âgés de 50 ans ou plus tout au long d'une période de suivi de 16 ans. Pour cela, ils ont examiné les données d’une cohorte sur le vieillissement. Cette dernière incluait 8.268 personnes, dont 4.517 étaient des femmes, ayant un âge moyen de 64 ans. Les participants ont répondu à une série de questions tous les deux ans. D’après les résultats, les personnes présentant des symptômes dépressifs plus élevés étaient plus susceptibles de connaître un déclin plus rapide de la mémoire plus tard, tandis que celles qui avaient commencé avec une mémoire plus faible étaient plus susceptibles de connaître une augmentation ultérieure des symptômes dépressifs.

    La dépression et la mémoire sont étroitement liées

    Selon les auteurs, la dépression pourrait affecter la mémoire en raison de changements cérébraux liés cette maladie psychique. Ces modifications incluent des déséquilibres neurochimiques (par exemple des niveaux plus faibles de sérotonine et de dopamine), des changements structurels dans les régions impliquées dans le traitement de la mémoire et des perturbations de la capacité du cerveau à se réorganiser et à former de nouvelles connexions.

    Les troubles de la mémoire pourraient également être provoqués par des facteurs psychologiques, tels que le fait de ruminer. Autre constat : les patients atteints de troubles de la mémoire ou de difficultés à retenir de nouvelles informations peuvent entraîner de la frustration, une perte de confiance et un sentiment d’incompétence, qui sont des déclencheurs courants d’épisodes dépressifs. Les troubles de la mémoire peuvent également perturber le fonctionnement quotidien et les interactions sociales, conduisant à un isolement social susceptible de déclencher des symptômes dépressifs.

    "Les interventions visant à réduire les symptômes dépressifs pourraient aider à ralentir le déclin de la mémoire"

    "Notre étude montre que la relation entre la dépression et une mauvaise mémoire va dans les deux sens, les symptômes dépressifs précédant le déclin de la mémoire et le déclin de la mémoire étant liés aux symptômes dépressifs ultérieurs. Cela suggère également que les interventions visant à réduire les symptômes dépressifs pourraient aider à ralentir le déclin de la mémoire", a déclaré Dorina Cadar, co-auteure des recherches.

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