Neurodéveloppement

Dyspraxie : une mauvaise représentation du corps dans l’espace en cause ?

Les troubles de coordination liés à la dyspraxie seraient en partie provoqués par une altération de la représentation du corps. 

  • Par Youssra Khoummam
  • Dejan_dundjerski/istock
  • 09 Jan 2024
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    Selon l'Inserm, les troubles de la coordination qui affectent la vie des personnes atteintes de dyspraxie seraient liés, au moins en partie, à une mauvaise représentation de leur corps dans l'espace. Alice Gomez, chercheuse au Centre de recherche en neurosciences de Lyon, a étudié cette anomalie du neurodéveloppement et estime que les enfants dyspraxiques ont une difficulté à reproduire des mouvements observés ou à se mouvoir correctement dans l'espace en raison de cette altération de la représentation de leur corps.

    Dyspraxie : des conséquences sur la vie quotidienne des enfants

    Les troubles développementaux de la coordination, communément appelés dyspraxie, touchent entre 2 et 6 % des enfants d'âge scolaire, d'après les études. Ces troubles entraînent des difficultés à effectuer certaines tâches motrices essentielles de la vie quotidienne, telles que l'écriture, nouer ses lacets, se brosser les dents, sauter ou grimper, jouer à la balle. Les enfants atteints sont souvent confrontés à des défis importants dans leur vie quotidienne et leurs apprentissages. Ils ont besoin de soutien et d'adaptations pour surmonter ces difficultés et atteindre leur plein potentiel.

    Pour confirmer l'hypothèse selon laquelle la mauvaise représentation du corps dans l'espace est liée à la dyspraxie, Alice Gomez et son équipe ont réalisé plusieurs expériences. Ils ont recruté 17 enfants dyspraxiques, 20 enfants sans troubles moteurs et 20 adultes non dyspraxiques. Les participants ont été soumis à différents tests sensoriels et moteurs pour évaluer leur capacité à localiser précisément certaines stimulations sur leur corps. Les résultats ont montré que les enfants dyspraxiques avaient des difficultés à identifier avec précision l'endroit touché sur leur main gauche, tandis que les adultes témoins et les enfants sans dyspraxie étaient plus précis dans leurs réponses.

    Syncinésies : les enfants dyspraxiques souffrent de mouvements parasites

    Les expériences ont également révélé que les enfants dyspraxiques réalisent davantage de mouvements parasites (syncinésies) involontaires lors des tests moteurs. Par exemple, en levant un doigt, d'autres doigts peuvent être mobilisés de manière involontaire, à proximité voire sur l'autre main. En revanche, les mouvements des enfants sans dyspraxie étaient plus précis et individualisés. 

    À la suite de cette étude, une doctorante de l'équipe s'apprête à mettre en place le programme EnCor (pour 'Enfant et Corps') dans plusieurs maternelles. Ce programme proposera quotidiennement pendant trois semaines des ateliers destinés à stimuler la représentation du corps des enfants à travers des exercices sensoriels et moteurs, ainsi que la dénomination des différentes parties du corps. Cette approche précoce vise à réduire le risque de dyspraxie sévère chez ces enfants, améliorer leurs capacités motrices et sensorielles et favoriser leur plein épanouissement.

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