Cortex auditif

La partir du cerveau qui stocke notre vocabulaire n’est pas à la place que l’on croyait !

Les mots que nous entendons sont enregistrés dans notre cerveau, mais à un endroit différent de celui auquel les scientifiques pensaient. Cette découverte pourrait aider les victimes d’AVC. 

  • Par Mégane Fleury
  • PALMIHELP/istock
  • 05 Jul 2023
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    Le cerveau n’a pas fini de livrer ses mystères. Récemment, des scientifiques ont fait une nouvelle découverte qui remet en cause une croyance de longue date. Dans Neurobiology of Language, ils expliquent avoir constaté que notre lexique auditif, la mémoire des mots que nous entendons, se trouve à l'avant du cortex auditif primaire. Or, les recherches précédentes avaient démontré qu’il se trouvait à l’arrière. Pour les auteurs, cela pourrait avoir "un impact sur la récupération et la réadaptation à la suite d'une lésion cérébrale telle qu'un accident vasculaire cérébral".

    Comprendre le stockage des mots dans le cerveau grâce à des IRM

     "Depuis le début des années 1900, les scientifiques pensaient que la reconnaissance des mots parlés avait lieu derrière le cortex auditif primaire, mais ce modèle ne correspondait pas bien aux nombreuses observations de patients présentant des déficits de reconnaissance de la parole, comme les victimes d'un AVC", explique Maximilian Riesenhuber, professeur en neurosciences au centre médical de l'université de Georgetown à Washington et auteur principal de cette étude. Pour identifier la localisation exacte de cette zone cérébrale, le chercheur et son équipe ont recruté 26 personnes : toutes ont subi trois séries d’IRM pour examiner la manière dont leur cerveau traitait la parole. Ces différents examens leur ont permis de découvrir cette zone à l’avant du cortex auditif primaire. 

    AVC : un espoir dans la prise en charge de l’aphasie ? 

    "Notre découverte d'un lexique auditif plus vers l'avant du cerveau fournit une nouvelle zone cible pour nous aider à comprendre les déficits de compréhension de la parole", estime l’auteur principal. Il explique qu’il pourrait être intéressant de réaliser des essais avec des personnes victimes d’accidents vasculaires cérébraux ou de lésions cérébrales, pour comprendre les effets d’une intervention dans cette zone cérébrale. 

    En moyenne, 40 % des victimes d’AVC gardent des séquelles importantes, d’après l’Inserm. L’aphasie fait partie des plus courantes : il s’agit de troubles du langage oral et écrit, qui affectent la parole et la compréhension. "Chez environ un tiers des patients une aphasie sévère limitant la communication persiste, précise l’Inserm. Un autre tiers récupère suffisamment pour communiquer correctement, malgré des séquelles." Pour récupérer, les patients suivent des séances d’orthophonie, mais cette rééducation est "longue et intensive" selon l’Assurance maladie. 

    Zone cérébrale liée aux mots entendus : à quoi pourrait servir cette découverte ?

    Cette découverte pourrait avoir d’autres implications : selon les auteurs, elle pourrait aussi servir à mieux comprendre les liens entre le stockage des mots écrits et des mots parlés dans le cerveau. "Nous savons que lorsque nous apprenons à parler, nous nous appuyons sur notre système auditif pour savoir si le son que nous avons produit représente fidèlement notre intention, complète Josef Rauschecker, co-auteur de l'étude. Nous utilisons cela pour affiner nos futures tentatives de prononciation de ce mot. Cependant, le processus cérébral pour cela reste mal compris." Une meilleure compréhension de celui-ci pourrait permettre de décrypter les processus en jeu lors de l'acquisition de la parole par des enfants ou au moment de l’apprentissage d’une seconde longue par des adultes. 

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