Pancréatite chronique : l’alcool est le premier responsable

Publié le 01.07.2020
Mise à jour 10.02.2023
Pancréatite chronique : l’alcool est le premier responsable
axelbueckert / iStock

L'alcool ne détruit pas que le foie. La pancréatite chronique est caractérisée par une inflammation chronique du pancréas qui évolue vers sa destruction progressive. Le signe principal est une douleur abdominale. Dans la majorité des cas, la maladie est causée par une consommation excessive d’alcool.

Pancréatite chronique : l’alcool est le premier responsable : COMPRENDRE

Le canal de Wirsung appelé désormais canal pancréatique principal est la voie d’excrétion des enzymes pancréatiques vers l’intestin, dans le duodénum.

Le pancréas a des sécrétions « exocrine » (vers l’extérieur) de sucs digestifs qui se déversent dans l’intestin au moment des repas, et des sécrétions « endocrines » (vers l’intérieur) d’hormones, comme l’insuline, qui se déversent dans le sang, en particulier au moment des repas.

Les kystes et les pseudo-kystes sont des cavités où s’accumule la sécrétion pancréatique qui compliquent un tiers des pancréatites chroniques.

La stéatorrhée est la diarrhée graisseuse provoquée par une sécrétion insuffisante des enzymes pancréatiques.

Qu'est-ce que le pancréas ?

Le pancréas est une glande allongée d’environ 15 cm de long située en arrière de l’estomac dans la partie supérieure de l’abdomen. Il remplit deux fonctions, exocrine et endocrine.

La fonction exocrine a pour rôle de sécréter des enzymes digestives (trypsine, amylase et lipase) qui participent à la digestion des aliments. Elles sont excrétées dans de petits canaux qui se rejoignent pour former le canal pancréatique principal ou canal de Wirsung, et s’écoulent dans le duodénum.

La fonction endocrine est remplie par les cellules des îlots de Langerhans disséminés dans le pancréas. Elles sécrètent deux hormones, l’insuline et le glucagon, qui participent à la régulation du taux de sucre dans le sang, la glycémie. L’atteinte de cette fonction aboutit à la survenue d’un diabète.

 

Qu'est-ce qu’une pancréatite chronique ?

La pancréatite chronique est une inflammation chronique du pancréas qui évolue vers un œdème, puis une fibrose de la glande, conduisant à sa destruction progressive. Il existe deux formes de pancréatite chronique : la forme calcifiante caractérisée par des dépôts de protéine calcifiés dans les canaux pancréatiques, et la forme obstructive due à un obstacle sur le canal pancréatique principal.

 

Quelles sont les causes ?

La cause majeure de la pancréatite chronique est l’intoxication alcoolique chronique qui est responsable de la maladie dans plus de 80 % des cas. Plus de 10 à 15 ans de consommation d’alcool sont nécessaires au développement d’une pancréatite chronique calcifiante. Le tabac est un facteur de risque associé fréquemment qui multiplie le risque lié à l’alcool.

L’hyperparathyroïdie, les formes familiales et auto-immunes, les formes obstructives dues à un obstacle sur le canal principal (tumeur, calcul ou traumatisme), représentent les autres causes, beaucoup plus rares, de la maladie.

Dans environ 10 % des cas, aucune cause n’est retrouvée. On parle alors de formes idiopathiques.

Pancréatite chronique : l’alcool est le premier responsable : DIAGNOSTIC

Quelles sont les manifestations de la pancréatite chronique ?

La douleur est le symptôme principal de la maladie. Elle est située dans le creux de l’estomac et irradie en profondeur vers le dos (douleur « transfixiante »). Elle peut être intense, parfois soulagée par une position en chien de fusil. Sa durée est variable, de quelques heures à plusieurs jours, avec des intervalles sans douleur également très variables de quelques jours à plusieurs années. Elle est déclenchée ou aggravée par des repas riche en graisses et la consommation d’alcool, ce qui a tendance à provoquer l’amaigrissement du malade qui limite sa prise d’aliments pour éviter la douleur.

Après une dizaine d’années d’évolution, les sécrétions d’hormones et de sucs digestifs par le pancréas sont affectées. Un diabète peut alors se développer, ainsi qu’une diarrhée graisseuse (« stéatorrhée ») due à l’insuffisance de sécrétion des enzymes pancréatiques qui interviennent dans la digestion des graisses. Les douleurs tendent alors à disparaître.

 

Comment faire le diagnostic ?

Une radio simple de l’abdomen sans préparation montre parfois la présence de calcifications pancréatiques.
Sur l’échographie et le scanner abdominaux, on visualise une modification de volume du pancréas, ainsi que la présence de calcifications, de kystes pancréatiques et parfois une dilatation du canal pancréatique principal.

Par voie endoscopique, il est possible de visualiser les canaux biliaires et pancréatiques principaux et leurs lésions en pratiquant une échoendoscopie et une cholangio-pancréatographie rétrograde endoscopique (CPRE).

Dans la pancréatite chronique, les examens sanguins sont peu utiles pour faire le diagnostic. L’amylasémie et la lipasémie ne sont pas modifiées dans la forme chronique de la maladie, mais uniquement en cas de poussée aiguë où la lipasémie peut être élevée. En cas d’obstruction de la voie biliaire basse (qui est commune au pancréas (« ampoule de Vater »), les transaminases, les gamma-GT et la bilirubinémie sont également augmentées.

Au cours du bilan diagnostic, une recherche de diabète est effectuée.

 

Avec quoi peut-on confondre une pancréatite chronique ?

Les cancers du pancréas se manifestent par des symptômes voisins de ceux de la pancréatite. C’est le premier diagnostic à évoquer.

L’ulcère gastroduodénal est aussi un diagnostic qui peut être confondu avec la pancréatite, de même que l’artérite mésentérique et la lithiase biliaire migrée au niveau de la sortie commune des canaux biliaires et pancréatique.

 

Quelles sont les complications ?

Au cours des cinq premières années d’évolution, surviennent des poussées de pancréatite aiguë. C’est d’ailleurs souvent la première manifestation de la maladie.
Au cours de ces crises, la douleur est intense, insupportable, accompagnée de vomissements, d’une distension de l’abdomen, d’une fièvre et parfois d’un état de choc. Cette crise aiguë conduit à l’hospitalisation du malade.

La pancréatite aiguë isolée sans pancréatite chronique est souvent causée par une lithiase (calcul) biliaire ainsi que par une consommation excessive d’alcool.

Dans les suites d’une crise aiguë, peuvent se former des kystes ou des pseudo-kystes qui contiennent soit du suc pancréatique, soit du tissu nécrosé. Les kystes ou pseudo-kystes peuvent parfois se rompre dans un organe voisin ou la cavité péritonéale et former un épanchement séreux avec un risque d’ascite et de pleurésie.

Un kyste peut aussi provoquer une compression de la voie biliaire avec survenue d’une jaunisse (un « ictère »). Il peut aussi comprimer l’estomac ou le duodénum et provoquer des douleurs et des vomissements. Ils peuvent aussi s’infecter et conduire à un abcès pancréatique.

Des hémorragies digestives se déclarent parfois, dues à un ulcère gastroduodénal, un kyste ou une rupture de varice œsogastrique.

L’atteinte de la fonction endocrine du pancréas (sécrétion d’hormone à partir des cellules dédiées (les cellules bêta-pancréatiques), induit un diabète dans environ un tiers des pancréatites chroniques après cinq ans d’évolution et dans 80 % des cas après 15 ans.

Un risque de dégénérescence vers un cancer est également possible.

 

Faut-il consulter en urgence ?

Dans la forme chronique, l’intensité de la douleur peut amener à consulter en urgence pour obtenir un traitement antalgique efficace. En cas de pancréatite aiguë, le passage aux urgences est la règle, les symptômes douloureux étant difficiles à supporter.

Pancréatite chronique : l’alcool est le premier responsable : TRAITEMENT

Quel est le traitement ?

L’arrêt total et définitif de la consommation d’alcool est la mesure principale du traitement. Il s’accompagne d’un régime alimentaire équilibré pour lutter contre la dénutrition avec une quantité réduite de lipides. S’il existe un diabète, le régime alimentaire et le traitement doivent être adaptés.

En cas de diarrhée graisseuse, les extraits pancréatiques en prise orale sont indiqués à chaque repas.

Lors des crises douloureuses, la prise d’antidouleur (antalgiques) est indispensable. D’abord du paracétamol et de l’aspirine, puis des opiacés légers, et de la morphine en cas de crise aiguë.

Lorsque des kystes ou des pseudo-kystes ont un retentissement sur le malade, une intervention par voie endoscopique peut être pratiquée pour les drainer. De la même façon, les canaux principaux biliaire et pancréatique sont accessibles par voie endoscopique quand ils sont obstrués.

Dans les cas les plus sévères quand les traitements ont échoué, une intervention chirurgicale peut être proposée pour réaliser une dérivation des voies biliaires ou enlever une partie du pancréas.

Pancréatite chronique : l’alcool est le premier responsable : VIVRE AVEC

Comment vivre avec une pancréatite chronique ?

La principale règle à adopter est la suppression totale de la consommation d’alcool. Si besoin, une cure de sevrage avec une prise en charge psychologique peut s’avérer indispensable.

L’adoption d’un régime alimentaire équilibré avec un apport modéré en graisse est conseillée, de même que l’arrêt d’une intoxication tabagique. La présence éventuelle d’un diabète nécessite une alimentation adaptée. La pratique d’une activité physique régulière fait partie de l’hygiène de vie.

Pancréatite chronique : l’alcool est le premier responsable : PLUS D’INFOS

La pancréatite chronique en France

La prévalence de la pancréatite chronique en France est de 26 cas pour 100 000 habitants soit 15 000 cas avec près de quatre fois plus d'hommes atteints que de femmes.

Les liens

Le site HepatoWEB

Le site de la SNFGE, Société Nationale Française de Gastro-Entérologie

Les liens PourquoiDocteur

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