Rhumatologie
Rhumatisme psoriasique : la sévérité de l'arthrite et du psoriasis influence la réponse au traitement
Dans le rhumatisme psoriasique, la sévérité combinée de l’atteinte articulaire et du psoriasis cutanée permet de définir 3 sous-groupes dont la réponse aux traitements est significativement différente. Cette étude vie réelle met en évidence la nécessité de stratégies thérapeutiques personnalisées.
- Egor Kulinich/istock
Le rhumatisme psoriasique est une maladie hétérogène où chaque patient a une combinaison unique de symptômes cutanés et articulaires et enthésopatique, de gravité variable. Malgré l'augmentation des options thérapeutiques, actuellement, seulement un patient sur trois atteint la rémission de sa maladie. Cette situation est en partie due à une approche de traitement uniforme, ne tenant pas compte de l'hétérogénéité des manifestations cliniques.
Une étude récente du Psoriatic Arthritis Research Consortium (PARC) a identifié trois clusters phénotypiques distincts chez 627 patients atteints de rhumatisme psoriasique : le Cluster 1 avec une arthrite psoriasique (AP) légère et un psoriasis cutané peu étendu (47,4 %), le Cluster 2 avec une AP sévère et un psoriasis étendu (34,3 %), et le Cluster 3 avec une AP sévère et un psoriasis sévère (18,3 %).
Ces clusters sont principalement déterminés par la sévérité relative de l'AP et du psoriasis et leur réponse aux traitements diffèrerait significativement. L’étude est publiée dans Annals of the Rheumatic Diseases.
Une étude de suivi longitudinal en vie réelle
Les chercheurs ont identifié trois groupes de phénotypes de PsA dans la cohorte générale de PsA (n=627) : le groupe 1 (n=297, 47,4%) est caractérisé par des patients ayant un nombre d'articulations inflammatoires significativement plus faible, une enthésite, une dactylite et une faible surface corporelle (BSA) touchée par le psoriasis, ce qui indique un PsA léger et un PsO léger.
À l'inverse, le groupe 2 (n=215, 34,3 %) a une activité sévère de la maladie, mise en évidence par un nombre élevé d'articulations touchées et une surface corporelle cutanée de psoriasis importante, ainsi que par des antécédents notables de traitement biologique (63,3 %, p<0,001), ce qui suggère un PsA sévère et un PsO modéré.
Le groupe 3 (n=115, 18,3 %) est marqué par une atteinte étendue du psoriasis (avec davantage de psoriasis en gouttes, palmoplantaire, inversé, génital et de dystrophie unguéale), et des niveaux moyens d'IMC et de CRP plus élevés, évoquant un PsA sévère et un groupe de PsO sévère.
Des niveaux de réponse différenciée au traitement
Dans un sous-groupe de 339 patients initiant ou changeant de traitement immunomodulateur, des différences significatives de réponse ont été observées entre les clusters sur une période moyenne de suivi de 0,7 an (écart type : 0,8). Le Cluster 3 a montré les améliorations les plus importantes en termes de cDAPSA (Clinical Disease Activity Index for Psoriatic Arthritis) et de PsAID (Psoriatic Arthritis Impact of Disease), indiquant une meilleure réponse au traitement chez les patients avec une arthrite psoriasique et un psoriasis sévère. En revanche, aucune différence significative n'a été constatée parmi les 218 patients commençant d’emblée un traitement par anti-TNF.
Globalement, la rémission cDAPSA et un état symptomatique acceptable selon le PsAID ont été atteints respectivement chez 10 % et 54 % des patients. Les clusters sont restés stables au fil du temps malgré les changements de traitement, bien que certaines transitions aient été notées, notamment du Cluster 3 vers des clusters moins sévères.
Une analyse de donnée basée sur l’IA
Cette étude repose sur une analyse de données réelles provenant du consortium multicentrique PARC. Les chercheurs ont appliqué une méthode de factorisation des données mixtes pour réduire la dimensionnalité et la colinéarité, suivie d'un clustering hiérarchique sur les composantes principales. Cette approche statistique a permis d'identifier des clusters phénotypiques basés sur des caractéristiques cliniques objectives.
Les résultats soulignent l'importance de la sévérité combinée de l’arthrite psoriasique et du psoriasis dans la détermination de la réponse au traitement.
Les implications pour la pratique médicale incluent la nécessité de développer des mesures d'évaluation plus sensibles, en particulier pour les patients ayant une faible activité de la maladie, et de considérer la personnalisation des stratégies thérapeutiques en fonction du profil phénotypique du patient. Les perspectives de recherche devraient se concentrer sur l'amélioration des outils de mesure des résultats et sur une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents aux différentes réponses thérapeutiques.
La sévérité de l'arthrite psoriasique et du psoriasis influence significativement la réponse aux traitements ; une approche thérapeutique personnalisée basée sur le profil clinique du patient serait essentielle pour améliorer les résultats cliniques.