Gynéco-obstétrique
Ménopause et THS : certains traitements augmenteraient le risque cardiovasculaire
Une étude suédoise montre que l’initiation de certains traitements hormonaux substitutifs augmenterait le risque de maladies cardiovasculaires chez les femmes ménopausée âgées de 50 à 58 ans. Ce serait en particulier le cas avec des traitements oraux combinés continus et la tibolone.
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Le risque de maladies cardiovasculaires augmente chez les femmes après la ménopause, période caractérisée par une diminution des œstrogènes. Les traitements hormonaux substitutifs (THS) sont souvent utilisés pour atténuer les symptômes vasomoteurs et prévenir l'ostéoporose. Cependant, leur impact sur le risque cardiovasculaire est controversé. Une étude de grande ampleur menée en Suède a évalué l'effet de différentes THS sur le risque de maladies cardiovasculaires.
Les résultats, publiés dans The BMJ, indiquent que l'utilisation de THS oraux combinés continus seraient associée à une augmentation du risque de cardiopathie ischémique (HR : 1,21 ; IC à 95 % : 1,00-1,46) et de thromboembolie veineuse (HR : 1,61 ; IC : 1,35-1,92). De plus, la tibolone, un stéroïde synthétique, serait associée à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires (HR : 1,52 ; IC : 1,11-2,08), y compris de cardiopathie ischémique (HR : 1,46 ; IC : 1,00-2,14), d'infarctus cérébral (HR : 1,97 ; IC : 1,02-3,78) et d'infarctus du myocarde (HR : 1,94 ; IC : 1,01-3,73).
Neutralité cardiovasculaire des THS transdermiques
Les autres résultats de l'étude montrent que les THS oraux séquentiels augmentent également le risque de thromboembolie veineuse (HR : 2,00 ; IC : 1,61-2,49). Une estrogénothérapie orale isolée serait associé à un risque accru de thromboembolie veineuse (HR : 1,57 ; IC : 1,02-2,44). En revanche, les THS transdermiques, qu’ils soient combinés ou à base d'œstrogène seul, ne donneraient pas d'augmentation significative du risque cardiovasculaire.
Aucune association significative n'a été observée entre les THS et le risque d'accident vasculaire cérébral ischémique, sauf pour la tibolone. Les effets indésirables varieraient donc en fonction du type de THS et de la voie d'administration.
Un registre national suédois sur plus de 900 000 femmes ménopausées
Cette étude prospective a utilisé les registres nationaux suédois pour suivre 919 614 femmes âgées de 50 à 58 ans entre 2007 et 2020. En utilisant une méthode d’émulation d’essai thérapeutique, les chercheurs ont comparé les initiatrices de différentes THS aux non-utilisatrices. Les analyses ont été ajustées pour des facteurs tels que l'âge, le niveau d'éducation et la région géographique.
Cependant, l'étude présente des limitations, notamment l'absence de données sur des facteurs de risque importants comme le tabagisme et l'indice de masse corporelle, ce qui pourrait influencer les résultats. Malgré ces limites, la grande taille de l'échantillon et la méthodologie rigoureuse plaides en faveur la pertinence des conclusions.
Une individualisation du THS en fonction du profil de risque
Ces résultats suggèrent que les médecins doivent être prudents lors de la prescription de THS, en particulier les formulations orales combinées continues et la tibolone, en raison de l'augmentation du risque cardiovasculaire. Les THS transdermiques pourraient être une alternative plus sûre chez certaines patientes à risque.
Il serait donc essentiel de personnaliser le traitement en fonction du profil de risque individuel et de discuter des avantages et des risques avec les patientes. Les futures études devraient se concentrer sur l'effet des différents progestatifs et sur des stratégies pour minimiser les risques cardiovasculaires associés aux traitements hormonaux substitutifs.