Gynéco-obstétrique

Endométriose et fibromes utérins : un risque accru de mortalité prématurée

Selon la Nurses' Health Study II, une étude prospective américaine, l'endométriose et les fibromes utérins seraient associés à une augmentation du risque de mortalité prématurée chez les femmes, en particulier en raison des cancers gynécologiques.

  • SewcreamStudio/istock
  • 25 Nov 2024
  • A A

    L'endométriose et les fibromes utérins sont des pathologies gynécologiques fréquentes chez les femmes en âge de procréer, touchant respectivement environ 10 % et 15 à 30 % de cette population. Ces affections, caractérisées par des processus inflammatoires et hormonaux complexes, ont été associées à divers risques pour la santé, mais leur impact sur la mortalité prématurée restait jusqu'à présent mal connu.

    La Nurses' Health Study II, une étude de cohorte prospective, menée sur une période de 30 ans auprès de 110 091 infirmières aux États-Unis, met en évidence que l'endométriose et les fibromes utérins seraient associées à une augmentation significative du risque de mortalité prématurée (avant 70 ans), principalement en raison de cancers des organes gynécologiques. Les résultats sont publiés dans The BMJ.

    Une surmortalité associée à d’autres causes que les cancers

    Au cours de près de 3 millions de personnes-années de suivi (27,2 ans en moyenne par personne), 4 356 décès prématurés ont été recensés, dont 1 459 dus à des cancers, 304 à des maladies cardiovasculaires et 90 à des maladies respiratoires.

    Les femmes souffrant d'endométriose confirmée par laparoscopie auraient une incidence brute de mortalité prématurée de 2,01 pour 1 000 personnes-années, contre 1,40 pour 1 000 chez les femmes sans endométriose. Après ajustement pour l'âge et d'autres facteurs confondants, l'endométriose serait associée à une augmentation de 31 % du risque de mortalité prématurée (HR = 1,31 ; IC 95 % : 1,20-1,44). L'analyse des causes spécifiques de mortalité a révélé que cette association serait principalement due à une augmentation du risque de décès par cancers gynécologiques (HR = 2,76 ; IC 95 % : 1,79-4,26), mais également par maladies respiratoires non malignes (HR = 1,95 ; IC 95 % : 1,11-3,41) et maladies du système nerveux (HR = 2,50 ; IC 95 % : 1,40-4,44).

    Les fibromes utérins, confirmés par échographie ou hystérectomie, ne seraient pas associés à une augmentation globale de la mortalité prématurée (HR = 1,03 ; IC 95 % : 0,95-1,11), mais seraient liés à un risque accru de décès par cancers gynécologiques (HR = 2,32 ; IC 95 % : 1,59-3,40). De plus, le risque de mortalité varierait en fonction de la présence simultanée des deux affections, avec un risque accru de mortalité toutes causes confondues chez les femmes souffrant à la fois une endométriose et des fibromes utérins.

    Une analyse sur les données de la Nurses' Health Study II

    Cette étude s'appuie sur les données du Nurses' Health Study II, une vaste cohorte prospective incluant des infirmières américaines suivies tous les deux ans de 1989 à 2019. Les diagnostics d'endométriose et de fibromes utérins ont été confirmés respectivement par laparoscopie et par échographie ou hystérectomie, assurant une grande fiabilité des données. Les informations détaillées recueillies sur les facteurs de risque potentiels, tels que l'indice de masse corporelle, le tabagisme, l'utilisation de contraceptifs oraux et l'hormonothérapie, ont permis un ajustement précis des analyses statistiques.

    Bien que la population étudiée soit majoritairement composée de femmes blanches non hispaniques avec un niveau d'éducation élevé, ce qui peut limiter la généralisation des résultats, ces constatations mettent en lumière la nécessité de considérer l'endométriose et les fibromes utérins comme des facteurs de risque potentiels de mortalité prématurée. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer les mécanismes sous-jacents et évaluer l'impact de stratégies d'intervention précoce. Ces résultats pourraient inciter à une surveillance plus étroite des patientes atteintes de ces affections et à une intégration de ces considérations dans les pratiques cliniques.

    Les médecins devraient donc être conscients que l'endométriose et les fibromes utérins pourraient avoir des répercussions significatives sur la santé à long terme des femmes, incluant un risque accru de mortalité prématurée, notamment par cancers gynécologiques. Une prise en charge attentive, un suivi régulier et une évaluation des risques associés sont essentiels pour améliorer les perspectives de santé de ces patientes.

     

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----