Pneumologie
Le gefapixant améliore également les fuites urinaires induites par la toux !
La toux chronique réfractaire est un symptôme fréquent dont l’une des complications majeures est l’incontinence urinaire. Un traitement par gefapixant pourrait considérablement améliorer la qualité de vie des patients en agissant également sur les fuites urinaires. D’après un entretien avec Laurent GUILLEMINAULT.
Deux études, dont les résultats sont parus en septembre 2024 dans le Lancet Respiratory Medicine, ont cherché à démontrer l’efficacité et l’innocuité du gefapixant, antagoniste des récepteurs P2X3, dans la toux chronique réfractaire ou inexpliquée et également à évaluer son action sur l’incontinence urinaire des femmes atteintes de toux chronique. Pour cela, les auteurs ont inclus 375 femmes souffrant de toux chronique réfractaire depuis plus d’un an, sans cause évidente ou avec une cause non traitée. Toutes ces femmes avaient une incontinence urinaire liée à la toux depuis plus de 3 mois. Elles ont été randomisées : un groupe de 185 femmes a reçu du gefapixant par voie orale et un groupe de 190 femmes a reçu un placebo. Les patientes ont rempli un questionnaire avant la randomisation et après la prise du traitement ou du placebo. Elles ont côté leur une incontinence urinaire sur 7 jours.
L’incontinence urinaire : une complication majeure de la toux
Le professeur Laurent GUILLEMINAULT, pneumo-allergologue au Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse, explique que la toux chronique réfractaire constitue non seulement un symptôme mais une pathologie à part entière et que l’une de ses complications majeures est l’incontinence urinaire féminine. En effet, deux tiers des femmes souffrant de toux chronique souffrent d’incontinence urinaire, ce qui est fortement délétère sur leur qualité de vie. Laurent GUILLEMINAULT précise que le gefapixant, traitement oral, est un antagoniste des récepteurs transmembranaires purinergiques P2X3, qui sont situés au niveau des bronches, du larynx mais aussi du tronc cérébral. Cette molécule a déjà fait l’objet des études COUGH-1 et COUGH-2 et a montré son efficacité sur la toux chronique réfractaire ou inexpliquée, ainsi que son innocuité et il semble avoir un impact positif sur l’incontinence urinaire.
Une véritable avancée avec le gefapixant
Laurent GUILLEMINAULT souligne que, dans les deux groupes, les femmes avaient signalé en moyenne, 4,7 épisodes d’incontinence urinaire sur 7 jours. Après 12 semaines de traitement, la différence a été plus importante pour les femmes traitées par gefapixant puisqu’elles n’ont présenté que 2,2 épisodes d’incontinence urinaire par semaine contre 2,6 avec le placebo, soit une baisse des épisodes de 52,8% sous gefapixant et de 41,7% sous placebo, ce qui constitue une différence significative. Laurent GUILLEMINAULT précise que l’effet placebo observé n’a pas d’explication élucidée. Il émet l’hypothèse d’un ressenti positif de recevoir un traitement ou encore un rétrocontrôle de la toux qui fonctionne mieux avec un traitement. Quoiqu’il en soit, ces résultats constituent une vraie avancée, car il n’existait aucun traitement jusque-là, en dehors de la chirurgie, souvent refusée par les patientes en raison du nombre important d’échecs. Ces résultats sont donc très encourageants. Laurent GUILLEMINAULT ajoute que le profil de tolérance est correct en dehors d’une action du gefapixant sur le goût : les saveurs sont conservées mais les sensations sucrées/salées ou amères/acides peuvent être altérées par un goût métallique voire perdues. Ces effets secondaires sont apparus chez 50% de sujets et ont provoqué l’arrêt du traitement dans 15 à 20% des cas.
En conclusion, le gefapixant, efficace sut la toux chronique réfractaire et l’incontinence urinaire associée, est utilisé en Suisse et au Japon mais n’est pas encore commercialisé en France. Les discussions sont en cours mais l’incontinence urinaire est une complication qui est à rechercher systématiquement en cas de toux chronique réfractaire et qu’il est justifié de traiter…