Infectiologie

Maladies auto-immunes post-Covid : les vaccinations et les rappels réduisent les risques

La vaccination de rappel contre la Covid-19 semble jouer un rôle protecteur contre les risques de maladies auto-immunes à long terme, particulièrement dans les formes graves liées aux variants du SARS-CoV-2.

  • Miljan Živković/istock
  • 15 Oct 2024
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    Des cas d'auto-immunité ont été signalés chez des patients atteints d'une forme grave de Covid-19, le développement d'auto-anticorps étant associé à un risque de séquelles ultérieures. Des taux accrus de séquelles auto-immunes après une infection par le SRAS-CoV-2 ont été signalés dans de nombreuses études à grande échelle basées sur des dossiers médicaux électroniques (EHR). Cependant, plusieurs de ces études ont été menées pendant la vague pandémique initiale avec des variants ancestraux du SARS-CoV-2 et avant le déploiement de la vaccination à toute la population.

    Une vaste étude de cohorte menée à Singapour révèle que le risque de séquelles auto-immunes après infection par les variants Delta et Omicron du SARS-CoV-2 ne serait pas significativement augmenté chez les adultes vaccinés ayant reçu une dose de rappel, sauf dans certains cas graves. Cette étude est publiée dans The JAMA Network.

    Risque auto-immun après infection : des résultats rassurants

    Cette étude a inclus 1 766 036 adultes, répartis entre 480 082 cas d'infection par les variants Delta et Omicron (BA.1 et BA.2) et 1 285 954 témoins non infectés. Les patients ont été suivis sur 300 jours pour observer l’apparition de nouvelles maladies auto-immunes.

    Aucun risque significativement élevé de 12 maladies auto-immunes prédéfinies (incluant la polyarthrite rhumatoïde, la thyroïdite auto-immune, et la maladie de Crohn) n’est détecté après infection par les variants Delta ou Omicron chez les patients ayant reçu la vaccination complète et des doses de rappel.

    Un risque accru de syndrome de Sjögren (HR ajusté [AHR], 1,91 ; 95% CI, 1,01-3,63 ; P=.04) et de troubles cutanés bulleux (AHR, 1,57 ; 95% CI, 1,06-2,33 ; P=.03) est observé après l'infection par le variant Omicron par rapport aux témoins ; cependant, les résultats ne franchissent pas le seuil de significativité une fois ajustés en analyse multivariée.

    Après stratification en fonction de la gravité de l'infection initiale, des risques significativement élevés de maladies inflammatoires de l'intestin (PA, 2,23 ; IC à 95 %, 1,45-3,46 ; P< .001) et de troubles cutanés bulleux (PA, 4,88 ; IC à 95 %, 2,47-9,66 ; P< .001) sont observés uniquement dans le sous-ensemble des cas ayant nécessité une hospitalisation pendant la prédominance de la circulation du variant Omicron, par comparaison avec les témoins.

    Les risques de vascularites (HR ajusté : 5,74 ; IC à 95 % : 1,48-22,23) après une infection par Omicron se sont manifestés principalement dans les infections par le variant Omicron chez les non-vaccinés ou sans rappel, tandis que ces risques ont disparu chez ceux ayant reçu une dose de rappel.

    Qualité des données et implications cliniques

    Les données proviennent de bases nationales complètes à Singapour, assurant un suivi rigoureux des patients. La méthodologie est robuste avec un ajustement des caractéristiques sociodémographiques (âge, sexe, ethnie), et l’utilisation d’une pondération par chevauchement pour limiter les biais de confusion. Ce suivi exhaustif pendant 300 jours après l’infection permet d'évaluer de manière fiable l'incidence des maladies auto-immunes.

    Cependant, cette étude présente des limites. L’absence de séquençage individuel du virus pour chaque patient impose une classification selon les périodes de prédominance des variants, et les diagnostics auto-immuns reposent sur des bases de données administratives, sans confirmation de laboratoire pour certaines affections. De plus, certains résultats restent limités par la rareté des cas, rendant difficile l'interprétation de certains sous-groupes.

    Perspectives et message clé

    Cette étude suggère que, dans une population largement vaccinée d’origine chinoise, les séquelles auto-immunes après infection par les variants Delta ou Omicron sont rares, sauf dans les cas graves. L'importance des rappels de vaccination semble majeure pour limiter les risques de maladies auto-immunes, notamment chez les personnes hospitalisées, est soulignée.

     

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