Pneumologie
Durvalumab en traitement d’entretien du CBNPC : quoiqu'il en coûte ?
Le durvalumab a fait la preuve de son efficacité en traitement d’entretien du CBNPC grâce à l’étude PACIFIC. Mais, une étude coût-efficacité n’a pas apporté de résultats probants permettant de faire profiter de ce bénéfice tous le patients éligibles, larga manu. Des marges de négociations seraient-elles possibles ? D’après un entretien avec Christos CHOUAID.
Une étude, dont les résultats sont parus en juin 2024 dans le JAMA Network Open, a cherché à évaluer le rapport coût-efficacité du durvalumab, versus placebo, en traitement d’entretien chez des patients atteints de CBNPC non opérables dans quatre pays différents. Il s’agit d’une évaluation économique pour laquelle les auteurs ont conçu un modèle de Markov, en utilisant les données de l’étude PACIFIC. Ils ont relevé les coûts directs, les évènement indésirables et les caractéristiques des patients, en fonction des données démographiques spécifiques de chaque pays. Les auteurs ont réalisé des analyses de sensibilité à un facteur donné pour prendre ne compte les paramètres d’incertitudes. Ils ont également analysé les seuils de coûts dans chaque pays. Cette étude s’est étendue de juin 2022 à décembre 2023.
Le durvalumab est intéressant en terme de pertinence clinique
Le professeur Christos CHOUAID, pneumologue et oncologue thoracique dans le service de pneumologie au Centre Hospitalier intercommunal de Créteil, précise que les cancers bronchiques non à petites cellules représentent 85% des 50 000 nouveaux cas annuels de cancers pulmonaires en Franc. Il rappelle qu’il existe trois catégories de CBNPC : les formes localisées opérables, les formes métastatiques qui ne sont éligibles ni à la chirurgie ni à la radiothérapie et les formes localement avancées, non métastatiques mais non opérables, qui représentent 15% des cas. Cette dernière forme est traitée par chimiothérapie et radiothérapie concomitante ou séquentielle pour les patients âgés ou plus fragiles. Christos CHOUAID fait référence à l’étude PACIFIC, en 2017, essai contrôlé versus placebo de phase 3, qui a évalué le rôle du Durvalumab, inhibiteur de PD-L1 dans le cancer du poumon non à petites cellules localement avancé, non opérable. Les patients avaient bénéficié d’une maintenance par durvalumab tous les 15 jours ou 1 mois pendant un an, alors qu’un second groupe avait reçu un placebo. Les résultats de cette étude avaient montré un gain de survie sans progression et de surie globale supérieur à 10%. A 5 ans, un patient sur deux était encore vivant et un tiers des patients n’avait pas progressé. Christos CHOUAID souligne qu’en termes de pertinence clinique, ces résultats sont intéressants et que ce traitement peut devenir le standard de prise en charge pour ces patient pendant un an.
Une marge de négociation, sur le prix, à trouver ?
Christos CHOUAID explique que l’étude actuelle a évalué le rapport coût /efficacité du traitement par durvalumab pendant un an après la chimiothérapie et radiothérapie. Il souligne l’originalité de ce travail au cours duquel les auteurs ont évalué le coût de cette prise en charge en rapport avec les années de vie gagnées en bonne santé dans quatre pays aux systèmes de santé différents (USA, Espagne, Singapour et Brésil). Ils ont montré que cette stratégie n’était pas coût-efficace et qu’il faudrait que le durvalumab soit moins cher, ce qui contredit des études antérieures qui démontraient que, compte-tenu du bénéfice, cette stratégie était coût-efficace. Christos CHOUIAD explique que ces discordances ont été discutées depuis l’étude PACIFIC en cernant mieux les patients éligibles à cette thérapie. En effet, les patients non-fumeurs et porteurs de mutations oncogéniques ne représentent pas de bons candidats. Il relève que dans cette étude, les auteurs ont inclus tous les patients. Il conclue donc qu’il doit exister une marge de négociation en termes de prix/volume, si cette prise en charge devient la stratégie standard. Pour lui, il est difficile de priver les patients d’un traitement qui fonctionne, en particulier les fumeurs.
En conclusion, le durvalumab en traitement d’entretien après chimiothérapie et radiothérapie dans les cancers bronchiques non à petites cellules, localement avancés et non opérables a fait la preuve de son efficacité. Malheureusement, son coût trop élevé risque d’en limiter son utilisation. Il est probablement possible d’entamer des négociations afin d’en faire bénéficier au moins les patients les plus répondeurs.