Infectiologie
VRS : absence de dérive antigénique après introduction des vaccins
L’analyse génomique des virus respiratoires syncytiaux (VRS) circulants aux États-Unis 1 an après l’introduction des vaccins ne révèle aucune dérive antigénique significative des protéines F, suggérant une pression évolutive encore limitée sur ces variants.

- dusanpetkovic/istock
L’infection par le virus respiratoire syncytial (RSV) représente un fardeau important chez les nourrissons et les adultes âgés. L’introduction récente de vaccins ciblant la protéine F sous sa conformation préfusionnelle a soulevé la question d’une éventuelle pression sélective favorisant l’émergence de variants antigéniques. Cette étude a analysé le génome du RSV circulant aux États-Unis lors de la première saison post-vaccinale (septembre 2023 – avril 2024) à partir de prélèvements issus de deux grands réseaux de surveillance.
Selon les résultats publiés dans le JAMA, parmi les 482 échantillons obtenus, 32 provenaient de personnes vaccinées au moins 14 jours avant l’apparition des symptômes. La majorité des virus détectés est de type RSV-B (77,6 %). L’analyse phylogénétique des séquences complètes des gènes F ne révèle aucun regroupement spécifique des virus issus de patients vaccinés, et aucune mutation antigénique nouvelle ou dominante n’a été identifiée, suggérant une stabilité antigénique de la protéine F.
Diversité virale mais absence d’adaptation vaccinale
Parmi les virus séquencés (n=330), la diversité génétique habituelle des RSV-A et RSV-B a été observée sans sélection préférentielle de sous-clades associés à la vaccination. Quelques substitutions d’acides aminés ont été détectées dans les sites antigéniques du gène F : S190N, S211N, et S389P dans RSV-B, fixes depuis 2022, ainsi que R42K, retrouvée fréquemment.
Chez les patients vaccinés ou partiellement vaccinés, d’autres mutations rares ont été observées (I57V, S377N, I384V dans RSV-A ; R191K et E294K dans RSV-B), mais elles n’étaient ni récurrentes ni caractéristiques de la vaccination. En conséquence, aucune signature d’échappement vaccinal n’a été mise en évidence, et la circulation virale ne semble pas avoir été affectée par la campagne vaccinale. Concernant la tolérance, les données sur les patients infectés ne suggèrent pas d’évolution particulière de la sévérité de la maladie en fonction du statut vaccinal.
Analyse génomique des RSV circulants : aucun signe de dérive antigénique
Cette étude repose sur un séquençage génomique intégral des VRS identifiés dans deux vastes réseaux de surveillance aux États-Unis, incluant des hôpitaux du CDC et de l’administration des vétérans. La représentativité des résultats est bonne pour les adultes hospitalisés, mais l’absence de données pédiatriques et sérologiques limite la généralisation aux nourrissons et à l’impact immunitaire global.
L’absence de dérive antigénique du VRS après une saison post-vaccinale suggère que la pression évolutive exercée par la vaccination reste pour l’instant faible, probablement en raison d’un taux de couverture modéré (24 % chez les adultes éligibles en 2023-2024). En pratique, ces résultats confortent la robustesse actuelle des vaccins et ne justifient pas de mise à jour immédiate de leur composition. Toutefois, une surveillance génomique continue demeure essentielle pour détecter d’éventuelles mutations émergentes au fil des saisons et anticiper une éventuelle nécessité d’adaptation vaccinale.