Médecine générale
Guerre en Ukraine : Douleur sans frontières va au contact pou soulager
Les douleurs provoquées par les amputations et les traumatismes causés par les mines antipersonnel constituent un véritable problème pour le système médical ukrainien. Douleur sans frontières, une ONG dédiée à soulager la douleur physique et psychologique, fondée par le Dr Alain Serie, actuellement présidée par Olivier Weber, est allée en Ukraine pour une mission exploratoire d’aide à la prise en charge globale de ce problème.
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- Patrick Daxenbichler/istock
Les douleurs provoquées par les amputations et les traumatismes causés par les mines antipersonnel constituent un véritable problème pour le système médical ukrainien. Douleur sans frontières, une ONG dédiée à soulager la douleur physique et psychologique, fondée par le Dr Alain Serie, actuellement présidée par Olivier Weber, est allée en Ukraine pour une mission exploratoire d’aide à la prise en charge globale de ce problème.
Au cours de cette émission enregistrée en Ukraine, l’animateur reçoit Alain Série, fondateur et président d’honneur de l’organisation « Douleur sans Frontières », et Olivier Weber, son président actuel, tous deux présents en Ukraine pour une mission exploratoire. Ils expliquent la genèse et la raison d’être de « Douleur sans Frontières », créée en 1996 avec pour objectif initial de prendre en charge la douleur et la souffrance (physique et psychologique) des populations les plus démunies ou touchées par des catastrophes, des conflits ou des situations d’extrême précarité. Alain Série revient sur l’histoire de l’ONG : au départ, il souhaitait simplement collaborer avec une grande organisation humanitaire, mais les responsables de Médecins Sans Frontières l’ont finalement encouragé à fonder sa propre entité dédiée à la douleur.
Le rôle essentiel de « Douleur sans Frontières » s’articule en trois volets : premièrement, la prise en charge sur le terrain de la douleur et de la souffrance (notamment dans les dispensaires ou centres de fin de vie) ; deuxièmement, la formation de formateurs locaux afin de transmettre les connaissances et d’éviter la dépendance à l’égard d’équipes externes ; troisièmement, la mise à disposition d’une expertise auprès de gouvernements ou d’institutions souhaitant développer des stratégies contre la douleur, comme ce fut le cas au Maroc ou en Tunisie.
Dans le contexte ukrainien, où la guerre a des conséquences dramatiques tant sur les civils que sur les militaires, l’ONG souhaite apporter un soutien focalisé sur la gestion des douleurs chroniques, la prise en charge des patients amputés (douleurs de moignons, douleurs neuropathiques, membres fantômes) et la souffrance psychique liée aux traumatismes de guerre. Les deux intervenants relèvent que l’Ukraine fait preuve d’une grande résilience, avec une société civile très organisée malgré la situation de conflit ; ils constatent aussi que certains centres de rééducation disposent déjà d’équipements à la pointe. Toutefois, le nombre élevé de blessés et les difficultés d’accès aux zones proches du front compliquent la prise en charge précoce : de nombreux patients nécessiteraient une chirurgie ou des soins spécialisés dans les premières heures suivant une blessure, ce qui s’avère parfois impossible.
Olivier Weber, écrivain et grand reporter de formation, explique s’être engagé dans l’humanitaire depuis longtemps. Il souligne l’approche dite « holistique » de « Douleur sans Frontières », qui s’intéresse autant à la douleur physique qu’aux dimensions sociales et psychologiques (dont le stress post-traumatique). La mission actuelle en Ukraine vise à évaluer les besoins, nouer des partenariats avec les hôpitaux et les ONG locales, identifier les lacunes dans la formation, voire organiser des stages en France pour des médecins ukrainiens. L’enjeu est de coopérer, de partager mutuellement savoir-faire et expériences, tout en respectant la capacité d’action déjà en place dans le pays.
Enfin, Alain Série et Olivier Weber insistent sur la nécessité de ne pas « substituer » leurs actions à celles des structures existantes. L’objectif demeure avant tout d’apporter une expertise complémentaire, particulièrement sur la gestion de la douleur aiguë et chronique, et d’envisager des solutions sur le long terme, y compris dans le domaine des soins palliatifs. Leur souhait : que ce soutien, même à une échelle relativement modeste, contribue à soulager la souffrance de ceux qui en ont le plus besoin dans un pays en guerre.