Pneumologie

DDB : les macrolides au long cours réduisent le risque cardiovasculaire

La fréquence des événements cardiovasculaires majeurs est élevée chez les patients atteints de bronchectasies. Le traitement de ces patients par macrolides au long cours réduirait significativement le risque cardiovasculaire, avec un profil de tolérance plutôt rassurant. D’après un entretien avec Benoit DOUVRY.

  • 06 Fév 2025
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    Une étude, dont les résultats sont parus en décembre 2024 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à démontrer l’efficacité et la tolérance du traitement par macrolides au long cours sur la diminution du risque cardiovasculaire chez les patients atteints de dilatation des bronches. Ce travail a été réalisé à Hong-Kong, entre 2001 et 2018. Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective, issue d’une base de données. Au total, 22 895 patients atteints de bronchectasies ont été identifiés et 3137 d’entre eux ont été sélectionnés. Un  premier groupe de 1123 patients a reçu des macrolides au long cours. Ces sujets  ont été appariés par score de propension à un second groupe de 2014 patients, qui n’ont pas reçu de macrolides. Le critère de jugement principal était la survenue d’événements cardiovasculaires (infarctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral). Le profil de tolérance a été évalué par la survenue d’arythmie ventriculaire ou de mort subite.

     

     

    Une efficacité significative sur la diminution du risque cardiovasculaire

     

    Le docteur Benoit DOUVRY, pneumologue et spécialiste des maladies pulmonaires rares, au Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil, souligne que ce travail est très intéressant, qu’il a une bonne méthodologie , malgré son caractère rétrospectif, en raison de la qualité du registre et du recueil des données. Les techniques solides d’appariement ont permis d’éviter les biais et d’apporter des résultats originaux. En effet , les résultats de ce travail ont montré que le risque d’évènement cardiovasculaires chez les patients atteints de dilatation des bronches ,traités par macrolides au long cours, était significativement diminué et sans effet secondaires graves comme l’arythmie ventriculaire ou  la mort subite. L’effectif de plus de 3000 patients inclus, sélectionnés avant la mise sous macrolides, bénéficiant d’une surveillance électrocardiographique et sans co-médication pro-arythmogène permet d’obtenir des résultats robustes, d’autant que les auteurs ont limité l’impact des facteurs confondants grâce au score de propension. Benoit DOUVRY rappelle que les complications ischémiques et les accidents vasculaires cérébraux sont cinq fois plus fréquents chez les patients atteints de bronchectasies. Il explique, qu’en vraie vie, les macrolides diminuent le nombre d’exacerbations et permettent de prévenir les complications cardiovasculaires de ces patients avec une réduction significative du risque, supérieure à 30%. Le critères de jugement secondaires ont révélé une légère différence concernant le risque d’accident vasculaire cérébral sans pour autant ôter le sens de la prescription des macrolides au long cours chez les patients atteints de dilatation des bronches.

     

     

    Avec un profil de tolérance satisfaisant

     

    Benoit DOUVRY précise que le profil de tolérance de ces patients au traitement par macrolides au long cours est tout à fait satisfaisant. Concernant la tolérance du traitement, le critère de jugement était la survenue d’arythmie ventriculaire ou de mort subite, et très peu d’événements de ce type ont été rapportés (7 événements pour 1000 patients par année). Ces résultats ont été rares et comparables dans les deux groupes de patients.  Benoit DOUVRY souligne que les patients ont probablement été sélectionnés au départ, en tenant compte notamment de leurs co-médications pro-arythmogènes, mais ces données ne sont pas rapportées dans l’étude, car les seules co-médications étudiées étaient les statines et l’aspirine. La surveillance électrocardiographique et notamment du QT long, a permis de limiter les accidents rythmiques graves. Enfin, Benoit DOUVRY ajoute que de nouveaux traitements, concurrents des macrolides, tendent à prendre une place importante dans cette indication et que de futurs travaux démontreront si l’efficacité est similaire.

     

     

    En conclusion, ce travail apporte un argument supplémentaire pour traiter les patients atteints de bronchectasies et éligibles par macrolides au long cours, car ils améliorent l’inflammation grâce à la prévention des exacerbations et diminuent ainsi le risque cardiovasculaire. Même si des études prospectives sont nécessaires, ces résultats ne changeront pas les habitudes de prescriptions de macrolides qui sont déjà confortées par les résultats de multiples travaux.

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