Pneumologie
Benralizumab, une place dans le traitement des exacerbations de BPCO éosinophiliques ?
Le benralizumab semblerait efficace dans la prise en charge des exacerbations de BPCO éosinophiliques mais les résultats positifs de l’étude anglaise ABRA sont difficilement transposables en France et ne permettent pas encore de changer nos pratiques. D’après un entretien avec Arnaud BOURDIN.
Une étude, dont les résultats sont parus en décembre 2024 dans le Lancet Respiratroy Medicine, a cherché à démontrer l’efficacité du benralizumab au cours des exacerbations de BPCO éosinophiliques. Il s’agit de l’ étude britannique ABRA (Acute exacerbations treated with BenRalizumab), qui est un essai randomisé multicentrique, de phase 2, en double aveugle, traitement par benralizumab versus placebo. Les patients inclus ont tous été hospitalisés pour une exacerbation de BPCO ou d’asthme et sont tous hyperéosinophilies . Un groupe de patients a reçu 30mg de prednisolone pendant 5 jours, associée à une injection sous-cutanée unique de 100 mg de benralizumab, un deuxième groupe a reçu un placebo pendant 5 jours et une injection unique de 100mg de benralizumab et le troisième groupe a reçu la prednisolone pendant 5 jours et une injection sous-cutanée de placebo. Les critères de jugements étaient le taux d’échec du traitement sur 90 jours et les symptômes évalués par échelle visuelle analogique à J28.
Une belle étude, mais sur des patients particuliers
Le professeur Arnaud BOURDIN, responsable du service Pneumologie, Allergologie et Oncologie thoracique au Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, explique que l’étude ABRA est un beau travail mais que les patients inclus sont des patients avaient la particularité d’être en majorité des asthmatiques, qui ont présenté 5 à 7 exacerbations dans l’année précédant l’étude, hyperéosinophilies et sans biothérapie. Or, ces patients n’existent pas en France , car ces profils sont déjà traités par biothérapies. En Angleterre, il s’agit de patients « abonnés » à l’hospitalisation et Arnaud BOURDIN s’interroge sur le traitement de fond de ces patients, qui nécessitent autant de séjours à l’hôpital, le taux d’échecs étant de 75%. En France, le taux d’échec n’est que de 35%, ce qui est certainement lié à la mise en route plus précoce du traitement de fond et au traitement antibiotique non systématique. Pour lui, la sélection des patients peut poser problème pour transposer les résultats de l’étude à la population globale des patients BPCO ou asthmatiques.
Des résultats attendus mais peu transposables
Arnaud BOURDIN souligne que les résultats de cette étude montrent que l’on peut faire mieux que la corticothérapie, ce qui n’est pas surprenant, mais que ces résultats britanniques ne sont pas transposables en France, compte-tenu des différences entre les systèmes de soins de ces deux pays. Il précise qu’une étude française , avec le même nombre de patients, a montré un taux d’échec plus faible et il s’étonne que les patients de l’étude britannique n’aient pas reçu de biothérapie plus tôt. Initialement, les biothérapies étaient prescrites à la sortie d’hospitalisation, mais en France, elles sont désormais prescrites dès le début du séjour à l’hôpital. Ainsi, Arnaud POURDIN estime que , même si ces résultats étaient attendus, ils ne sont pas transposables au quotidien, compte-tenu des spécificités des systèmes de soins et des posologies d’administration différentes entre l’étude et ce qui est classiquement fait en France. Ils ne permettent donc pas encore de de changer les pratiques.
En conclusion, l’efficacité du benralizumab sur les exacerbations de BPCO semble attendue mais de nouveaux essais pour affiner les résultats et notamment préciser le type de patients éligibles et la posologie du traitement sont nécessaires, afin de pouvoir inscrire un schéma thérapeutique précis dans les pratiques quotidiennes.